Europe ou monnaie libre, la progression du Revenu de Base

Europe ou monnaie libre, la progression du Revenu de Base

Dans cet épisode réalisé en pleine semaine du Revenu de Base, Stanislas Jourdan nous propose un point sur l’initiative Européenne, et nous commente son article qui traite des comparaisons des monnaies numériques paru sur OuiShare et traduit depuis en Français et en Espagnol.

Thierry Crouzet de son côté développe son analyse de la motivation nécessaire pour développer et réaliser une monnaie numérique qui intègre un Revenu de Base et se demande si cela doit passer par la monnaie en place ou bien sur une monnaie fondée sur lui.

Structures pyramidales ou décentralisées, via l’Europe ou via la progression irrésistible des monnaies numériques, la notion de Revenu de Base continue sa progression sur tous les terrains.

 

Logo de l'initiative Européenne Revenu de Base 

  • Première pause musicale « Tie ba te » sous licence Art Libre de Lessazo
  • Deuxième pause musicale « beauty » cc-by-sa Tryad
  • Générique GNUArt « no more dreams » de nighter

cc-by-sa Monnaie Libre

 Monnaie Libre n°37 Stanislas Jourdan et Thierry Crouzet :
Europe ou monnaie libre, la progression du Revenu de Base [ 1:34:54 | 82.26 MB ]

>>> Source sur : http://monnaielibre.creationmonetaire.info/monnaie-libre-n37-stanislas-jourdan-et-thierry-crouzet-europe-ou-monnaie-libre-la-progression-du-revenu-de-base/

Nota : Je vous invite également à prendre connaissance de ces autres billets/podcast n°38:

http://www.creationmonetaire.info/2013/10/les-suisses-voteront-le-revenu-de-base.html

http://monnaielibre.creationmonetaire.info/monnaie-libre-n38-la-suisse-votera-le-rdb/

Chypre: décryptage du revenu minimum garanti

Chypre: décryptage du revenu minimum garanti

Le 26 juillet dernier, Chypre a dévoilé un programme visant à mettre en place un « revenu minimum garanti » d’ici à l’été 2014. Mais contrairement aux apparences, cette mesure diffère en de nombreux points de l’idée d’un revenu de base universel que nous défendons.

chypre-revenu-minimum

Alors que le pays essaie de se remettre sur pied après un plan de sauvetage dramatique qui a secoué l’économie de la petite île, le Président Chypriote Nicos Anastasiades a fait une annonce surprenante pour un conservateur : il a promis que tous les citoyens du pays auraient droit, d’ici juin 2014, à un « revenu minimum garanti ».

En principe, le plan paraît intéressant : « Les bénéficiaires seront nos concitoyens qui n’ont qu’un revenu inférieur à celui permettant de leur assurer une vie digne, sans prendre en compte l’âge, la classe ou la situation professionnelle » a affirmé Anastasiades.

Le plan inclut aussi des mesures visant à rationaliser le système social et fiscal de Chypre. Ainsi le Président a-t-il précisé que  le programme serait « financé par des aides sociales distribuées par des ministères et différents services de l’Etat, qui ont auparavant été mal ciblées et souvent données arbitrairement. » Le principe a d’ailleurs été salué dans un second article du Cyprus Mail.

Quelques promoteurs du revenu de base se sont réjouis de la nouvelle : « Si le programme prend effet comme décrit, ce sera le premier vrai « revenu de base garanti » (RBG) au monde, tel que défini par le Réseau américain du revenu de base garanti» s’est enthousiasmé le site Basic Income News. Cet article a par conséquent connu un certain succès sur les réseaux sociaux.

Un bémol de taille

Malheureusement, une citation importante d’Anastasiades parue dans le Cyprus Mail est passée plus inaperçue :

« La seule condition préalable, mais absolument nécessaire, est qu’ils ne refusent pas les offres d’emploi et qu’ils s’impliquent dans les programmes de continuation de l’emploi déterminés par l’Etat »

Ce qui semblait être un grand pas vers un revenu de base universel s’avère en fait être une réforme rétrograde visant à forcer les gens à se présenter inlassablement sur le marché du travail, pour ne pas se voir retirer l’aide sociale. Et de fait, cela n’a finalement plus grand chose à voir avec le principe d’un revenu de base inconditionnel tel que défini par le Réseau Mondial du Revenu de Base (BIEN):

Un revenu de base est un revenu alloué à tous sur une base individuelle, sans condition de ressources ni nécessité de travail. C’est une forme de revenu minimum garanti qui diffère en trois points importants des mesures existant déjà dans plusieurs pays européens :

  1. Il est distribué aux individus plutôt qu’aux foyers ;
  2. il est alloué sans tenir compte des revenus provenant d’autres sources ;
  3. il est alloué sans condition de performance d’un travail ou d’acceptation d’un emploi s’il est proposé.

Bien que reconnaissant que la proposition était un « pas courageux dans la bonne direction », la jeune initiative citoyenne grecque pour un revenu de base pointe du doigt les défauts de cette proposition de revenu minimum, et notamment l’effet de stigmatisation et la trappe à pauvreté que la conditionnalité du revenu minimum garanti implique généralement :

Typiquement, si les bénéficiaires doivent prouver qu’ils sont « assez pauvres » pour mériter un revenu de soutien, cela bloque leurs efforts pour ne plus dépendre de cette allocation.

Un plan poussé par la Troika !

Il convient aussi de noter que l’idée de la réforme ne vient pas de nulle part, et encore moins de l’unique bonne volonté du Président (conservateur !) chypriote. En réalité, le principe du revenu minimum proposé à Chypre faisait partie du mémorandum signé en mars dernier par le gouvernement chypriote et la troïka, celui-là même qui a déclenché le plan de sauvetage de 10 milliards d’euros pour Chypre… et l’austérité qui l’accompagne. On peut ainsi lire en page 26 de ce document:

La réforme de l’assistance publique prévue doit s’assurer que l’assistance sociale serve de filet de sécurité pour garantir un revenu minimum à ceux qui ne sont pas en mesure de subvenir à un niveau de vie basique, tout en conservant les incitations à accepter un emploi, garantissant la cohérence avec une réforme du système social.

En conclusion, il paraît clair que le revenu minimum garanti en question est une proposition bien distincte de ce que l’on pourrait qualifier de revenu de base, même si c’est un sujet que les promoteurs d’un revenu de base doivent surveiller de près. L’émergence d’un débat plus large sur le revenu de base ne peut qu’être facilitée par ce genre de réformes. A suivre donc !


>>> Adaptation d’un article publié en anglais sur basicincome.org.uk.

>>> Crédit image:Attribution Nicolas Raymond

>>> Source sur : http://revenudebase.info/2013/08/revenu-minimum-garanti-chypre/

Le Conseil de l’Europe ouvre le débat sur le revenu de base

Le Conseil de l’Europe ouvre le débat sur le revenu de base

Fin février, le Conseil de l’Europe organisait une grande conférence sur le thème « Pauvreté et Inégalités dans les pays des droits humains : le paradoxe des démocraties ». Rassemblant plus de 400 personnes de 55 pays différents pendant deux jours, le programme a octroyé une belle place à l’idée du revenu de base inconditionnel. Tentative de synthèse.

Il faut bien l’admettre : nous étions sceptiques en arrivant dans le quartier européen de Strasbourg. Invités par le Conseil de l’Europe à discuter de pauvreté et d’inégalités, comment ne pas craindre de participer à une énième conférence sur la pauvreté où la solution phare du revenu de base serait encore une fois passablement éludée ? Nous avons eu plaisir à nous tromper : le revenu de base était bien au programme, et pas qu’un peu.

« Déstigmatiser les politiques de lutte contre la pauvreté, c’est notre message aujourd’hui »

Dès les premières minutes de son allocution d’ouverture, la grande organisatrice de l’événement, Gilda Farrell, mettait les pieds dans le plat :

Comment pouvons nous envisager une sortie à cette situation s’il n’y a pas de discussions entre nous sur l’allocation universelle, le salaire minimum garanti ou d’autres mesures à imaginer ensemble pour éviter les stigmatisations et activer le potentiel créatif de chacun ?

Ancienne commissaire européenne, et chef de la Division pour le développement de la cohésion sociale du Conseil de l’Europe, c’est Gilda Farrell qui a tout fait pour que le revenu de base sorte du milieu académique et fasse partie des thèmes phares de cette conférence. Plus de deux ans de préparation pour réunir politiques, économistes, ONG, activistes et pour mettre en avant les sujets des biens communs, du gaspillage et du revenu de base dans le débat public. Un soutien de poids qui explique probablement pourquoi des avocats phares du revenu de base faisaient partie des intervenants à la tribune de cette conférence : Guy Standing, Louise Haagh, Yannick Vanderborght, Jean-Paul Brasseur du mouvement belge Vivant, ou encore Magdalena Sepulveda (la fameuse rapporteur de l’ONU qui a récemmentpressé le gouvernement namibien de remettre à jour l’idée d’un revenu de base national).

Gilda Farrell a même eu la gentillesse de nous accorder une interview vidéo :

Une proposition officielle du Conseil de l’Europe

Cette bonne volonté affichée des membres du Conseil de l’Europe ne sont pas que des mots lâchés en l’air. Elle est gravée dans le marbre du « guide méthodologique » produit par le Conseil de l’Europe et distribué en version provisoire aux participants. Ce document de 200 pages accorde une double page au revenu de base dont voici un extrait :

L’instauration d’un revenu de base – réclamée aujourd’hui par de nombreux jeunes européens y compris les jeunes diplômés, afin de pouvoir se consacrer à des activités citoyennes et faire face à la précarisation des conditions de travail – permet d’avoir accès à un revenu autorisant une vie digne même lorsque l’on perd son emploi ou traverse une période difficile, sans devoir patienter plusieurs mois avant de toucher une première allocation ni avoir à supporter des procédures longues ou des traitements humiliants.

Le document ne s’avance pas sur des modalités d’application particulière d’un revenu de base, mais avance que « le revenu de base [versé] en espèce doit être combiné avec un revenu de base en nature« . Il fait également référence à une résolution de 2010 du parlement européen demandant l’étude de la faisabilité d’un revenu de base inconditionnel en Europe, ainsi que la proposition de mise en place d’un « eurodividende » par Philippe Van Parijs.

Guy Standing : « le monde change »

La première matinée a ainsi été marquée par une percutante intervention de Guy Standing (voir la vidéo ici), en grande forme comme à son habitude. Co-fondateur du Basic Income Earth Network (BIEN) et auteur d’un ouvrage phare Le Précariat, Standing a dénoncé les politiques des 30 dernières années, non pas en raison de la dérégulation des marchés mais surtout, de la rerégulation des politiques sociales, qui sont toujours plus sévères à l’encontre des personnes précaires, allant selon ses mots jusqu’à « indiquer aux gens comment se comporter ou ne pas se comporter », et dressant  des barrières toujours plus infranchissables autour de l’accès aux aides sociales. Évidemment, Guy Standing en appelle à un revenu de base comme un droit fondamental.

Revenu minimum ou revenu de base ?

Deuxième jour, et Louise Haagh, autre intervenante très remarquée en session plénière (voir la vidéo ici), affirme à son tour la nécessité d’un revenu de base pour garantir les droits fondamentaux. L’universitaire, professeur à l’université de Cork (Angleterre), a également expliqué le lien entre revenu de base et biens communs : avec un revenu de base, les citoyens seront moins apeurés, penseront différemment, et cela favorisera les initiatives visant à protéger les biens communs.

Plus tard dans la matinée, et tandis que Stanislas était sur le plateau de la chaîne de télé locale Alsace 20 pour parler de notre initiative citoyenne européenne, un atelier avec pour thème « Le revenu de base et l’accès à des ressources financières » réunissait un panel de spécialistes dont Jean-Paul Brasseur du mouvement Vivant Europe, qui défend le revenu de base en Belgique et au sein de l’ICE, Hugo Mattei, professeur de droit international et comparatif, Bernard Bayot, président de l’European Financial Inclusion Network, Yannick Vanderborght, membre du comité exécutif du BIEN, et James Henry, membre du Tax Justice Network.

Ce dernier a démontré de manière flagrante que ce ne sont pas les milliards qui manquent pour financer des politiques sociales, pour peu que l’on se donne les moyens de combattre l’évasion fiscale. Ensuite, alors que d’autres intervenants semblaient ignorer les principes d’universalité et d’inconditionnalité du revenu de base, Jean-Paul Brasseur a pu défendre largement tous les avantages du revenu de base dans un contexte de blocage du modèle socio-économique existant.

Maintenir le système actuel c’est préparer sa faillite.

— Jean-Paul Brasseur

Selon la vision du Mouvement Vivant, le revenu de base financé par TVA (pdf) permettrait consécutivement de relancer le marché de l’emploi par l’allègement des charges sur le travail, en réorganisant complètement le reste de la société : liberté d’entreprendre, stabilisation du pouvoir d’achat des peuples. Le revenu de base serait « une bonne mesure pour contrecarrer les cycles économiques » résume Jean-Paul Brasseur. Il termine son intervention en insistant sur l’inconditionnalité, en rappelant qui serait inconcevable d’en revenir aux méthodes du 19ème siècle – lorsque les dames patronnesses distribuaient la soupe populaire seulement aux ouvriers qui allaient à la messe …

Le revenu de base est l’une des propositions du Conseil de l’Europe pour faire face à la crise.

Malgré cet argumentaire percutant, une autre approche est souvent opposée au revenu de base : celle du revenu minimum. Souvent perçue comme moins « utopiste », la voie du revenu minimum est notamment défendue par le réseau anti-pauvreté EAPN. À la différence du revenu de base, le revenu minimum n’est pas inconditionnel. Il s’agirait en fait d’élargir le concept du RSA à l’ensemble de l’Europe en instaurant le revenu minimum à 60 % du revenu médian de chaque pays.

Dans la mesure où certains pays comme la Grèce, la Hongrie ou l’Italie n’ont pas de revenu minimum, cette voie est souvent perçue comme plus urgente et réaliste pour soulager  la situation de nombreuses personnes à court terme.

Au final, il émerge des discussions que les deux approches vont dans le même sens : le revenu minimum est une approche davantage court-termiste tandis que le revenu de base est l’ambition de long terme partagée par beaucoup. L’ensemble des intervenants a souligné que l’accès direct à des ressources financières était le meilleur moyen de résoudre les problèmes d’inclusion, de respect des droits et de pauvreté. Des mots même de Fintan Farrell, directeur de l’EAPN, il faut faire « front commun entre revenu de base, revenu minimum et salaire minimum ». Des conclusions que Yannick Vanderborght a assez bien résumées lors de la séance plénière de clôture (23ème minute) :

Le revenu de base continue certes à être perçu pour beaucoup comme une idée très radicale, voire utopiste. Malgré tout, le fait qu’une institution comme le Conseil de l’Europe prenne au sérieux cette proposition est un signe encourageant. Comme le disait Guy Standing en conclusion de son intervention en plénière : « Avant les gens nous riaient au nez, mais maintenant le monde change ».

>>> Auteurs : Stanislas Jourdan, Damien Vasse, Carole Fabre, David Feltz

Feu vert pour l’initiative citoyenne européenne

Feu vert pour l’initiative citoyenne européenne

Après un premier rejet et plusieurs mois d’attente, la Commission Européenne vient de donner son feu vert à la collecte des signatures pour demander aux institutions européennes d’étudier sérieusement l’option d’un revenu de base européen. Ainsi commence une campagne de 12 mois visant à récolter plus d’un million de signatures.

initiative européenne

Le comité de citoyens de l’initiative citoyenne européenne (ICE) a eu raison de ne pas baisser les bras lorsque la commission a rejeté une première tentative en septembre dernier. Après étude de la seconde proposition envoyée en novembre dernier, celle-ci vient cette fois-ci de donner son feu vert à la récolte des signatures.

La Commission Européenne devait en effet certifier que la demande exprimée par le comité de citoyen entrait dans le cadre de ses attributions. Ceci notamment afin d’éviter que de l’énergie soit dépensée pour récolter un million de signatures… pour rien. Or, suite à la réunion de Florence, le comité de citoyen avait donc amendé sa demande et enregistré une nouvelle initiative sur le site de la Commission (consulter le texte en français ici). Comme nous l’écrivions en novembre dernier :

Contrairement à la première version soumise à la commission, cette seconde version ne demande pas à la commission d’acte juridique en faveur du revenu de base, mais seulement de mettre en œuvre des moyens d’étudier sérieusement l’alternative du revenu de base. De plus, ce nouveau texte s’appuie plus solidement sur les recommandations du Parlement européen ainsi que sur l’article 156 du Traité de Fonctionnement de l’UE.

Comme nous le pressentions, la Commission pouvait très difficilement rejeter une telle demande, qui a pour objectif de forcer les institutions européennes à prendre au sérieux l’idée d’un revenu de base inconditionnel pour tous les européens, et ainsi d’alimenter le débat en Europe autour de cette idée. D’où son titre: « Revenu de base inconditionnel – Explorer une voie vers des conditions sociales émancipatrices dans l’UE ».

Si le nombre de signatures requis est atteint dans un an, alors la Commission Européenne accordera une audience aux promoteurs de l’ICE devant le Parlement européen. Elle devra ensuite accepter ou non la mission que l’ICE leur demande (étudier la faisabilité du revenu de base européen) ou la refuser (en justifiant ses motifs). Si elle accepte, cela pourrait ouvrir la voie au financement d’études, de conférences, forums, voire même d’expérimentations du revenu de base en Europe.

Le but de ces études serait aussi d’explorer les différentes implications qu’un revenu de base à l’échelle européenne pourrait avoir : quelle harmonisation européenne sur le droit du travail ? Sur les droits sociaux ? Sur la fiscalité ? Ces questions méritent d’être éclaircies et cela nécessite des moyens. Pour mémoire, voici un petit schéma du processus de l’initiative citoyenne européenne (plus d’infos ici) :

Une première mondiale

Mais outre ce dénouement hypothétique, la stratégie déployée par les différentes organisations impliquées dans l’ICE est surtout de lancer un signal à tous les citoyens européens : pour la première fois dans le monde, des organisations et citoyens de quatorze pays (Autriche, Belgique, Danemark, France, Grèce, Allemagne, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Royaume-Uni) ont décidé d’unir leurs force pour promouvoir le revenu de base. Il est clair qu’il ne s’agit que d’une première étape dans la création d’un mouvement social d’ampleur européenne autour de cette idée.

Pour l’heure, le site permettant de soutenir l’initiative est encore en cours de préparation, et les mesures de sécurité et de protection des données privées du système permettant la collecte des signatures doit encore être certifié conforme par la commission .

Nous vous tiendrons bien sûr informés ici-même lorsque vous pourrez signer notre demande. En attendant, nous vous invitons à suivre la page Facebook dédiée à l’initiative et à vous inscrire à notre newsletter pour être tenus informés en Français des développements importants à venir.

À très bientôt pour une campagne historique !


>>> Crédit photo : PaternitéPartage selon les Conditions Initiales HowardLake

>>> Source sur : http://revenudebase.info/2013/01/feu-vert-initiative-citoyenne-europeenne/

 

La monnaie est le code privateur de l’économie

La monnaie est le code privateur de l’économie

Imaginez que l’on confie le protocole TCP/IP à Orange et que ce dernier facture chaque octet qui passe sur le réseau. Vous y êtes ? Vous avez maintenant une idée de ce à quoi ressemble le système monétaire : un immense bien commun confié aux intérêts d’une minorité bien organisée.

jail-monopoly

La victoire des activistes de l’internet ouvert contre ACTA au parlement européen montre bien que l’on peut mobiliser des foules lorsqu’il s’agit de protéger un bien commun. Et pour cause, un internet non ouvert n’a aucun sens. Pour le vérifier, faisons donc l’exercice : imaginez quelques secondes si le minitel 2.0 était la réalité d’aujourd’hui… Que se passerait-il ?

J’ai dans ma tête une vision d’horreur où Orange nous facturerait chaque octet transmis au réseau.

Du coup, chacun chercherait à facturer aux autres tout et n’importe quoi afin d’alléger sa propre facture, étouffant ainsi naturellement le développement de toute sphère non marchande, et favorisant au contraire une logique de rivalité plutôt que de coopération.

Personne ne contribuerait sur wikipédia puisque cela lui couterait cher. Ou alors, il faudrait un wikipédia privé, qui rémunérerait les contributeurs pour les rembourser de leurs frais de connexion. Mais bon, du coup ça ne serait plus vraiment wikipédia n’est-ce pas ?

Les blogueurs, eux aussi, existeraient certes toujours. Mais ils passeraient alors plus de temps à optimiser leurs bannières publicitaires où à écrire des billets sponsorisés plutôt qu’à diffuser leurs idées. Sauf bien sûr les blogueurs dont la situation financière permettrait aisément de se consacrer à leur véritable passion. Bref, du coup la blogosphère ne serait pas vraiment la même que celle que l’on connait aujourd’hui.

Quant à Facebook ? Cela n’existerait pas : trop cher pour les utilisateurs. Du coup, les gens ne seraient pas plus connectés qu’avant. Ou alors, peut être que cela existerait mais alors au prix d’une exploitation encore plus scandaleuse de nos données personnelles. Par exemple, facebook nous rembourserait nos frais de connexion au prorata de la quantité de données privées que nous donnerions à facebook (ou à ses entreprises clientes).

Bref, voyez ce que je veux dire ? Et bien la vraie vie dans cette foutue économie, c’est à peu près pareil.

Comment la monnaie nuit à la coopération

En effet, comme 97% de l’argent est en vérité de la dette (lire ce post pour plus d’explications), cela signifie que chaque centime d’euro est soumis au paiement d’un intérêt, à l’image des octets fictivement facturés par Orange.

Concrètement, l’argent que vous touchez d’un salaire ou d’une pension provient en amont d’une dette de l’entreprise qui vous salarie  envers sa banque ou ses créanciers, ou bien de l’Etat envers les marchés via la dette publique. Et donc, votre salaire est diminué du cout financier de cette dette que doit payer l’entreprise. De même que la facturation des octets serait un frein majeur à la production de richesses, la monnaie (et donc la dette) devient un cout de transaction dont les citoyens paient toujours la facture au final.

En vérité, la conséquence ultime de ce système, c’est qu’il n’y a jamais assez d’argent pour tout le monde. Le remboursement des crédit des uns se fait nécessairement en diminuant l’épargne (ou augmentant la dette) des autres pour rembourser les intérêts. Du coup, naturellement, les activités altruistes et fondées sur la coopération ne peuvent que très difficilement s’imposer.

C’est un jeu à somme nulle, sans autre victoire de celle de la lutte de tous contre tous. Nous sommes tous dans une lutte acharnée pour notre propre survie, alors même que nous savons pourtant produire suffisamment de biens de première nécessité pour tous les habitants de la Terre. C’est ridicule, en fait.

L’intelligence vs. rareté artificielle

Heureusement, il y aune faille dans ce système : celui-ci repose sur le mythe de la rareté. Une rareté artificielle qui n’existe  nulle part d’autre que dans l’esprit du plus grand nombre, et parfois grâce à des stratégies nuisibles pour la maintenir (ex: l’obsolescence programmée).

De même qu’il deviendra impossible de facturer chaque octet si la majorité des internautes comprend qu’ils peuvent eux aussi participer à la création d’un réseau libre à base de peer to peer et que chaque octet ne coute pas vraiment plus cher aux opérateurs, le système monétaire ne tiendra pas le choc quand la population aura conscience que la monnaie n’est « rare » que parce que les règles du système en ont décidé ainsi. Le problème est donc en grande partie dans nos propres consciences…

Heureusement, il existe des alternatives pour nous ouvrir les yeux.

De même que la neutralité du net est le garde fou face aux dérives du capitalisme qui essaye de reproduire partout la rareté artificielle nécessaire à sa survie, une solution pour la monnaie est d’y intégrer un revenu de base.

Imaginez un bitcoin dont la création monétaire, plutôt que d’être distribuée à ceux qui gaspillent de l’énergie en faisant tourner leurs bécanes jour et nuit, irait à tous les participants. Ajoutez-y une règle : le système monétaire ne doit pas favoriser une génération par rapport à une autre, ou autrement dit, la création monétaire doit respecter une égalité de traitement entre les citoyens.

(Vous y êtes ? Bravo, vous venez de piger le projet de monnaie virtuelle Open UDC)

De même que la neutralité du net garantit à chaque citoyen la possibilité d’utiliser le réseau de manière non discriminée face aux plus puissants et sans devoir concéder ses données personnelles à des intérêts privés, le revenu de base garantit à chaque citoyen un minimum monétaire permettant de participer à l’économie, sans devoir de prime abord s’endetter ou vendre du travail gratuitement à quiconque.

Libérons le code de la monnaie !

La monnaie est aujourd’hui un instrument géré par les banques et les banques centrales d’une manière parfaitement pyramidale et arbitraire. Or, qu’est-ce que la monnaie si ce n’est un protocole, un code ?

Sauf que ce code, contrairement à celui de l’internet, est tout sauf ouvert, transparent, et encore moins contrôlable démocratiquement. La monnaie est aujourd’hui le code privateur de l’économie : c’est l’outil qui nous opprime tous et nous rend esclave d’une minorité qui maintient l’illusion de la rareté autour de nous.

Si, comme le dit Lawrence Lessig, « code is law », alors il est grand temps de forker le code de l’économie : la monnaie.


>>> Illustration Paternité Mark Strozier PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales Occupy* Posters

>>> Source sur : http://www.tetedequenelle.fr/2012/06/monnaie-code-privateur/

Pourquoi les pirates doivent défendre le revenu de base

Pourquoi les pirates doivent défendre le revenu de base

Le revenu de base est une solution économique qui va de pair avec la philosophie de la culture libre, et constitue une solide réponse face au contexte économique. S’ils veulent être crédibles et cohérents, les pirates ont donc tout intérêt à défendre haut et fort cette proposition.

parti-pirate-france

Les pirates le savent mieux quiconque: le monde est en train de changer, et l’économie n’en sortira pas indemne. Plus que d’une « nouvelle économie », nous assistons à l’émergence d’une « deuxième économie » dont les règles semblent échapper totalement au cadre fixés par l’économie officielle.

Si le numérique pouvait vraiment créer la croissance de demain et l’emploi, depuis vingt ans que le secteur émerge, cela se serait vu. Si vraiment l’open-source était compatible avec l’économie classique, alors les monopoles de facebook, google and co ne seraient pas un problème pour nos libertés. Mais ce n’est pas le cas, dont acte.

Tandis que les économistes officiels sont incapables de sauver l’économie, et si c’était au tour des pirates de faire valoir leurs arguments ?

C’est un peu l’avis de Rick Falkvinge (fondateur du parti pirate suédois) à propos de la « Swarm economy » (l’économie de l’essaim) :

Parce que les pirates sont ceux qui ont le plus d’expérience de participation au changement de notre civilisation industrielle, les partis pirates sont dans une position unique pour prendre en main l’adaptation de nos politiques à cette nouvelle réalité.

Et comme par hasard, Falkvinge cite plus loin le revenu de base inconditionnel comme l’une des solutions (je traduis aussi le passage précédent, pour le plaisir des yeux) :

il est important que cela ne soit pas un débat gauche-droite : cela n’a rien à voir avec le socialisme ou les politiques libérales. Il s’agit plutôt d’une observation que la société industrielle qui a définit ces idéologies est en train de cesser d’exister, et que quelque chose d’autre les remplacent.

Un des modèles pour l’économie de l’essaim (« swarm economy ») pourrait être de verser un revenu de base inconditionnel à chaque citoyen. Cela résoudrait de nombreux problèmes comme celui de la loi d’Airain des salaires et encouragerait le travail non payé et pourtant fondamental pour l’industrie.

Il y a de nombreux autres arguments conduisant à la nécessité du revenu de base comme socle d’un nouveau pacte social. Citons par exemple :

  • Simplification, transparence et meilleure lisibilité du modèle fiscalo-social
  • Désamorçage du problème de la trappe à pauvreté (manque d’incitation à travailler à cause des aides existantes)
  • Subvention des productions culturelles et non-marchandes
  • Sécurisation des parcours personnels
  • Abolition de l’extrème misère
  • [pour plus de détails : clic clic clic clic clic]

Précisons d’ailleurs que l’idée fait déjà partie des “mesures compatibles” du parti pirate, et que certains équipages régionaux l’ont officiellement intégré dans leur programme officiel. Le flibustier allemand, lui aussi, a officiellement adopté cette mesure (même s’il faut relativiser cette décision, qui est loin d’avoir fait l’unanimité parmi les corsaires teutons…).

Mais au delà de tous les arguments “de bon sens », il y a peut être quelque chose de plus puissant encore dans l’idée du revenu de base : le fait que cette idée est en parfaite cohérence avec la philosophie de la culture libre. Et c’est bien pourquoi cette idée mériterait de retenir tout particulièrement l’attention des pirates.

Des creative commons à l’économie

Le fondement philosophique qui justifie l’idée que les oeuvres devraient être réutilisables et partageables, c’est entre autre que la création même de ces oeuvres repose sur d’autres créations antérieures relevant souvent du domaine public ou simplement d’influences d’autres artistes. De fait, les protections actuelles que confèrent la propriété intellectuelle constituent en réalité un droit illimité d’exploitation mercantile de toute un champ de ressources relevant du domaine public et d’autres oeuvres non rémunérées. Le système profite ainsi à une minorité tandis que la majorité des auteurs sont oubliés.

Le revenu de base part du même principe : aucun entrepreneur ne peut prétendre créer de valeur tout seul dans son coin. En vérité, tout ce qu’une entreprise ou un individu crée, il le fait en se reposant sur des productions antécédentes ou parallèles qu’il exploite souvent gratuitement.

Par exemple, toutes les entreprises qui utilisent internet aujourd’hui (c’est à dire quasi toutes) ne sont pour la plupart pas spécialement redevable de l’existence même de ce réseau. Elles exploitent ainsi des technologies et des infrastructures qui appartiennent à la collectivité sans rémunérer ceux qui ont oeuvré à les construire.

Certes, il est impossible de rémunérer à leur juste valeur les contributions de la communauté open-source, qui n’en demandent d’ailleurs pas tant. D’autant que la contribution du logiciel libre est très difficilement mesurable dans le PIB. Cette situation est donc compréhensible, mais elle n’est pas juste pour autant : du travail gratuit des richesses collectives sont abondamment exploité pour créer des richesses privées.

Le revenu de base permet de régler le problème en rémunérant par défaut chaque citoyen pour sa part de création de valeur libre ainsi que pour la part d’héritage qui lui revient de la richesse commune qui n’appartient à personne – si ce n’est un peu à tout le monde.

C’est donc une mesure qui force d’une certaine manière les citoyens à se reconnaitre mutuellement comme créateurs de valeur.  Par analogie, défendre le revenu de base, c’est (un peu) comme défendre le logiciel libre : c’est donner l’opportunité à l’autre de créer de la valeur (= accepter que quelqu’un modifie son code), et c’est reconnaitre que la contribution libre d’autrui constitue une vraie valeur économique même si l’on est incapable de la mesurer.

Hackons l’économie !

Quelles sont les mesures du parti pirate contre le chômage ? Comment les pirates comptent-ils relancer l’économie ? Quelle réforme fiscale les pirates mettraient-ils en oeuvre s’ils étaient élus ? Comment faire face à la crise de la dette ?

C’est face à ces questions que le parti pirate a aujourd’hui un problème. Ses revendications majeures concernent la propriété intellectuelle et les libertés fondamentales, qui sont des thématiques importantes et justes. Néanmoins, les pirates ne peuvent pas faire l’impasse sur l’économie. Il leur faut des réponses crédibles et cohérentes sur tous ces sujets s’ils veulent dépasser leur image de « petit groupe de sympathiques geeks qui s’amusent dans des garages ».

Evidemment, je vois le revenu de base comme une pierre de voute d’une telle démarche. Car le revenu de base n’est pas une mesure de plus, mais un levier de changement vers un nouveau projet de société. Si les pirates l’adoptaient officiellement dans leurs revendications majeures, cela leur permettrait ainsi d’écarter d’entrée de jeu toutes les mesurettes économiques et faux débats économiques sur lesquels les pirates n’ont pas grand chose à dire (mais beaucoup de temps et de crédibilité à perdre). Et d’y opposer une réponse radicale, juste, et cohérente.

N’est-ce pas d’ailleurs cela que l’on attend de nous ? Alors à l’abordage !?


>>> Illustration CC Paternité zigazou76 PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales ani!

>>> Source sur : http://www.tetedequenelle.fr/2012/06/parti-pirate-revenu-de-base/

 

Une plateforme pour promouvoir le revenu de base ? Yes we can !

Une plateforme pour promouvoir le revenu de base ? Yes we can !

Chers lecteurs, amis, visiteurs,

Après tant de mois et d’années pour certains à nous battre pour l’instauration d’un revenu de base, notre mouvement est sur le point de passer à la vitesse supérieure.

Après plusieurs discussion avec l’Association pour l’Instauration d’un Revenu d’Existence, le collectif Pour un revenu social (POURS), les décroissants, avec Olivier Auber, initiateur du site de l’Appel pour le revenu de vie, et bien d’autres personnes encore, j’ai décidé de proposer le lancement d’une plateforme d’action commune. Ce projet a été reçu avec optimisme par tous et j’ai donc travaillé depuis à sa concrétisation. Aujourd’hui, je suis dans la mesure de vous présenter une proposition concrète de site web d’une plateforme hébergée sur l’url

revenudebase.info

Ce site sera le votre : il n’est pas affilié à une quelconque autre organisation que la communauté des supporters du revenu de base qui s’est spontanément formées depuis des années sur internet et les réseaux militants. Plus qu’un site d’information de plus, son objectif est réellement d’être un levier d’efficacité pour toutes les actions que nous menons pour promouvoir ce revenu de base synonyme de Liberté. Il sera, si vous y contribuez, l’endroit de référence pour retrouver tous les événements liés au revenu de vie, ainsi que pour rentrer en contact avec des groupes locaux d’action, mais aussi les autres partisans francophones.

En résumé, ce site sera l’outil qu’il nous manque aujourd’hui pour mettre véritablement en mouvement cette idée qui nous est chère, avec l’ambition d’enfin la faire éclore dans la société.

J’ai travaillé avec de nombreuses personnes pour recueillir leurs attentes vis à vis du projet. A partir de là, nous avons rédigé un cahier des charges, dont la réalisation a été confiée à une personne de confiance : Glenn Rolland, de la société Gnuside. Glenn est non seulement un professionnel hors pair, mais il est également fervent partisan du revenu de vie et aura donc à coeur de nous livrer un site de qualité.

Malgré tout, cela nécessitera à Glenn ainsi qu’à un graphiste professionnel plusieurs jours de travail (cf devis). L’AIRE a décidé de contribuer au projet à hauteur de 1500 euros. Pour compléter cette généreuse donation, nous avons décidé de lancer une demander de contributions individuelles auprès des différentes personnes qui ont manifesté jusque là leur intérêt pour l’idée du revenu de vie. Il nous manque aujourd’hui 2200 euros pour achever le financement de cette plateforme.

C’est naturellement l’objet de ce message (mais pas que). Si le projet vous intéresse, nous vous proposons de participer financièrement en vous rendant ici. De là, vous pourrez apporter la contribution de votre choix, et de ma manière anonyme si vous le souhaitez (cocher la case pour masquer le montant de votre participation).

Je suis à votre entière disposition pour répondre à vos questions. N’hésitez pas à me contacter en commentaire ou par mail.

Merci d’avance à tous pour votre soutien. Chaque donation compte, aussi modeste soit-elle !

Stanislas Jourdan


>>> Illustration PaternitéPas d'utilisation commerciale Dan Finnan

>>> Source sur : http://www.tetedequenelle.fr/2012/04/plateforme-promouvoir-le-revenu-de-base/

YOLAND BRESSON: “LE REVENU D’EXISTENCE SERA AU CENTRE DU DÉBAT EN 2012″

YOLAND BRESSON: “LE REVENU D’EXISTENCE SERA AU CENTRE DU DÉBAT EN 2012″

 

L’un des tous premiers défenseurs du revenu universel en France revient sur 30 années de combat pour une idée plus que jamais d’actualité.

Yoland Bresson, économiste, est auteur de plusieurs ouvrages dont Le revenu d’existence ou la métamorphose de l’être social paru en 2002 ; et plus récemment Une clémente économie : Au-delà du revenu d’existence. Il est l’un des tous premiers défenseurs du revenu d’existence depuis les années 80, et a fondé l’Association pour l’Instauration d’un Revenu d’Existence. Il est donc un interlocuteur privilégié sur le sujet du revenu universel, et c’est pourquoi je suis allé à sa rencontre pour un entretien de près d’une heure.

Bonjour Yoland Bresson, vous êtes économiste et défendez depuis très longtemps le revenu universel, que vous nommez “revenu d’existence”. Comment en êtes-vous arrivé à cette proposition, et quel a été votre cheminement ?

Aussi surprenant que ça puisse paraître, c’est le Concorde qui a été le point de départ de toute la réflexion. Au titre de professeur-économètre, j’ai fait partie de l’équipe franco-américaine en 1972 à qui on a confié la tâche de fixer le prix des billets du supersonique. Malgré tous les modèles économiques que nous avons essayé, rien n’a vraiment fonctionné. Du coup, on a décidé de passer par une enquête pour essayer de comprendre ce qui pouvait motiver les gens et à quel niveau de prix certains peuvent être désireux de prendre le Concorde.

Tous les modèles économiques étaient fondés sur le postulat de départ que plus l’on travaille, plus on gagne de l’argent. La problématique revenait donc à faire gagner du temps aux gens qui travaillent beaucoup et ont de l’argent à investir. Or, dans les faits, les plus motivés n’étaient pas forcément les moins occupés mais plutôt ceux qui avaient le plus de souplesse dans leur emploi du temps. Paradoxalement, les grands patrons de l’industrie se situent dans dans cette catégorie là, bien qu’ils passaient leur temps à dire qu’ils étaient submergés de travail. Il y avait une grande différence dans la perception du temps, et finalement on observait – après coup – que plus on était riche, plus on avait du temps disponible. Il y avait donc une corrélation quasi-parfaite entre ces deux facteurs, ce qui mettait en cause presque tous les modèles de productivité, de temps de travail, le rapport loisir/travail. Partant de ce constat, j’ai cherché la loi de répartition des revenus.

N’est-ce pas un peu paradoxal ? Vous écrivez vous-même dans votre livre : « celui qui conserve le plus de temps libre doit recevoir plus ». Mais celui qui conserve le plus de temps libre, c’est le patron dont vous parliez à l’instant, non ?

Effectivement mais on ne l’explique qu’après coup, en rentrant dans le processus de l’attribution des ressources. En fait, l’économie est essentiellement un processus d’échange de temps : nous recevons de l’argent en paiement du temps que nous consacrons à une activité et nous libérons du temps en récompensant celui qui le prend pour faire ce dont nous avons besoin à notre place. Chaque échange est producteur d’une richesse : du temps disponible. Finalement, qui gagne le plus dans les échanges ? C’est celui qui libère le plus de temps pour lui. Et voilà la logique du jeu économique.

C’est ainsi que j’ai établi la loi de répartition des revenus, une formule un peu compliquée publiée dans L’Après Salariat. Le résultat nous donnait une loi de distribution des revenus théoriques qui tendait à montrer que tout le monde devait au moins recevoir la quantité de monnaie correspondant à la valeur du temps c’est à dire la valeur commune du temps, ne serait-ce que pour commencer à participer aux échanges, en termes économiques. Pour rentrer dans le jeu économique, il faut donc tout simplement que chacun reçoive inconditionnellement le montant de monnaie qui est le cœur du système. Un peu comme dans le Monopoly ! En s‘appuyant sur cette base, on éliminerait ainsi l’extrême pauvreté.

Ce n’est pas du tout de ce que je recherchais au départ. Mais à partir de là s’est enchainé toute une réflexion. Cela remettait en cause beaucoup d’observations que les uns et les autres apportaient au fonctionnement général des sociétés et de l’économie.L’Après Salariat a été publié en 1984 et a participé à une convergence étonnante. Philippe Van Parijs, spécialiste de philosophie politique à Louvain, concluait son analyse la nature de la société par la nécessité d’une allocation universelle ; en Allemagne, Claus Offee, sociologue, arrivait aussi à l’idée qu’il fallait un “basic income” ; en Angleterre, Keith Roberts, spécialiste de sécurité sociale, est parvenu à la nécessité d’un “citizen income” en cherchant une organisation optimale de sécurité sociale.

En 1984 ! C’était il y a longtemps ça ! Où en est-on maintenant ?

Philippe Von Parjis a reçu un prix pour son travail et nous a réuni à Louvain pour fonder le Basic Income European Network (BIEN) que nous avons décidé de réunir en Congrès tous les deux ans. Aujourd’hui, ce sont des congrès mondiaux qui réunissent 200 à 250 participants présidé par un Brésilien, Eduardo Suplici. En France, c’est Henri Guitton, professeur d‘économie malheureusement décédé depuis, qui a lu mon bouquin et m’a appelé pour me dire : « vous avez la réponse à la question que je me suis posé pendant toute ma vie de chercheur ! ». De là, nous avons fondé l’Association pour l’Instauration d’un Revenu d’Existence (AIRE).

Malgré l’ancienneté de cette proposition, comment expliquez-vous qu’elle ne soit pas débattue sur la place publique ?

Pour commencer, notre société a lutté contre la rareté des ressources depuis 8000 ans et cela a énormément façonné les mentalités. L’idée que nous puissions donner de l’argent ou autres à quelqu’un sans qu’il ne participe à la production des ressources est assimilée à du parasitisme.

Le deuxième élément, c’est qu’au sortir de la guerre, les pays occidentaux ont connu un miracle : le plein emploi salarié a amené le salariat à sa perfection, avec une protection sociale de qualité, l’intégration se faisait spontanément puisque tout le monde avait un emploi… Bref, on a connu les Trente Glorieuses, une sorte de paradis, malgré les quelques critiques. Ce n’est rien à l’échelle de l’histoire de l’humanité mais ça a considérablement marqué les pays développés. Or, une fois cette période terminée, la crise a tout changé mais on a poursuivit notre course un peu comme dans les dessins animés, le gars qui est au dessus du gouffre mais il continue de courir ! Les politiques ont dit aux gens : « on va retrouver le plein emploi » en boucle, et tous les gens le croient et sanctionnent chaque gouvernement qui n’arrive pas à redonner espoir, alors que fondamentalement, il est indispensable de changer l’organisation de nos société.

De ce point de vue, je crois que les peuples sont en avance sur les politiques : les gens commencent vraiment à se dire que cette histoire de plein emploi, ça ne va pas marcher, et qu’il faut trouver autre chose. Alors ils attendent qu’on leur propose autre chose… mais ils sont avant tout dans le refus de ce qui est, car ils n’ont pas encore de solution alternative. Ils sont donc dans le pessimisme.

S’il y a une demande des citoyens, pourquoi si peu de politiques s’en emparent ?

Les premières fois où j’ai discuté avec Christine Boutin, elle a laissé l’idée de côté. Puis, quand on lui a confié une mission sur la pauvreté, elle a rencontré beaucoup d’organisations professionnelles et de travailleurs sociaux, des milieux dans lesquels l’idée se diffusait progressivement. Et, au détour de ces rencontres, le sujet est revenu régulièrement. Elle m’a alors appelé pour qu’on en rediscute et a obtenu un crédit pour organiser un séminaire de réflexion à Port Royal, avec des philosophes, des gens de Bercy, des conseillers d’Etat. C’est à cette occasion qu’elle a décidé de publier son rapport et de promouvoir ce qu’elle a appelé le “dividende universel”. Elle a d’ailleurs bien fait de l’appeler “dividende universel” et pas le revenu d’existence : cela permet de garder une terme générique sans le connoter politiquement.

Ensuite d’autres politiques s’y sont mis, les Verts, etc. et aujourd’hui, je pense qu’on est tout prêt d’ouvrir le débat.

Pensez-vous que la multiplicité des écoles de pensées et des théories puisses précisément nuire à la clarté du débat ?

Il y a effectivement différentes propositions, avec différents noms etc. mais il y a des points absolument déterminant sur lesquels il ne faut pas transiger :

  • l’inconditionnalité ;
  • l’égalité ;
  • le fait que ce soit cumulable sans restriction ni limite avec n’importe quelle autre forme de revenu ;
  • et enfin il y a le montant, qui constitue un risque.

En tant qu’économiste, je dois tenir compte des lois et des contraintes. Avec les calculs que j’ai fait, le revenu d’existence devrait représenter entre 14 et 15% du PIB. Beaucoup disent que ce n’est pas suffisant pour vivre, mais ce n’est pas le problème. Le problème est que si l’on augmente le revenu à 800 € ou plus, l’économie va se venger. Premièrement, il y aura une tendance à la hausse des prix, et par conséquent le pouvoir d’achat réel de cette dotation va revenir vers sa norme. Deuxièmement, si le revenu d’existence est trop élevé, dans le marché mondial où nous sommes intégrés, il y aura des conséquences en termes de réduction de la croissance du PIB, par la perte de compétitivité économique globale. Et par conséquent, le niveau même du revenu d’existence qui est corrélé au niveau du PIB diminuera.

Voulez-vous dire qu’il s’agit d’arbitrer entre la réduction des inégalités et la récession ?

Le mieux immédiat peut être l’ennemi du bien futur. D’ailleurs ce qui est étonnant c’est que les libéraux extrêmes sont partisans d’un revenu d’existence élevé, mais en contrepartie de quoi les individus deviennent totalement responsables d’eux-mêmes. Donc l’Etat se désengagerait et tout serait laissé au marché : l’éducation, les assurances, etc. à l’exception de ses fonctions régaliennes. De même, à extrême gauche, l’allocation universelle d’André Gorz est aussi à peu près de ce type, mais avec l’idée suivante : à partir du moment où l’on donne ce revenu, les individus doivent par exemple donner deux heures de leur temps dans une sorte de collectivisme généralisé. Et le reste du temps est libre, non-marchand.

Ces deux extrêmes là peuvent être idéologiquement intéressants, mais ce qui m’intéresse moi, c’est que la société et les mentalités évoluent. Comme je dis souvent, nous sommes dans l’évolution consciente de la complexité : dans un système complexe – comme notre organisme humain – si on opère une modification trop brutale, la réaction sera le rejet ou la digestion. Pour faire évoluer un système complexe, la science montre qu’il faut agir au niveau des gènes fondateurs, c’est à dire au plus basique. Le revenu d’existence est un gène fondateur car il coupe le lien strict emploi/revenu. Et alors on commence à prendre conscience que l’on peut produire des richesses et organiser une distribution des richesses qui soit partiellement déconnectée de la production, parce qu’on est sorti de la rareté.

Dans le contexte actuel de crise de la dette et d’inquiétude sur les déficits, n’est-il pas plus opportun de mener une réforme profonde de la fiscalité et de transférer plus de ressource auparavant dédiés aux aides sociales vers un revenu universel plus important ?

Parmi les règles fondamentales en économie, il y en a une qui veut qu’il ne faut jamais poursuivre plusieurs buts en même temps sans quoi on n’atteint jamais l’optimum.

Le point essentiel aujourd’hui, c’est le problème de l’emploi et, par conséquent, de notre organisation productive et distributrice. Le revenu d’existence, ce n’est pas une modification de la redistribution. C’est le mode de distribution des revenus qu’il faut changer. Imaginez le système comme un jeu de carte : actuellement, l’Etat distribue les cartes au hasard et, pour équilibrer le jeu, il prend des cartes aux gagnants pour les donner aux perdants afin qu’ils continuent à jouer. Le revenu d’existence fonctionne différemment, il propose de mettre un as dans les cartes de chaque joueur dès le départ avant de distribuer le reste des cartes.

Certains demanderont  : « pourquoi ne pas distribuer un as, un roi et une reine plus qu’un as ? » Le problème, c’est que les excellents joueurs vont être incités à aller jouer à d’autres tables où les possibilités de gain sont bien meilleures, ce qui, dans le monde actuel, n’est pas un problème… A contrario, si vous ne donnez qu’un roi ou une dame, les joueurs trop faibles se retrouveront disqualifiés rapidement. c’est pour cela que la question du montant est très sensible.

Une fois que l’on a changé le mode de distribution, la société va commencer à se réorganiser à partir de ce gène.

Et le deuxième gène fondamental, c’est la suppression du contrat de travail à durée indéterminée. Tout le monde s’accroche au CDI, notamment car beaucoup de garanties supplémentaires y ont été ajouté par l’action des syndicats. D’où l’inquiétude de perdre les garanties avec le contrat.

Tout le monde cherche “l’emploi”. Mais l’emploi c’est du travail que l’on a transformé en marchandise, ce n’est pas LE travail. Karl Marx l’avait déjà dit : “chacun vend sa force de travail”.Je pense que l’on vend plus que ça : on vend son temps de vie, c’est une forme d’esclavage adouci. D’où l’idée qu’il faut que les contrats de travail soient à durée déterminée, avec reconduction tacite, ce qui libère le travail du carcan de l’emploi. Et progressivement, les gens qui étaient des salariés deviennent des participants, maîtres de leur temps, maîtres de leurs vies.

D’autant plus si l’on donne un revenu d’existence aux enfants – même si les parents pourront en utiliser une partie – lorsqu’ils arriveront à la majorité, ils auront un capital financier non négligeable, et ils sauront que toute leur vie durant, ils auront un revenu d’existence qui croîtra avec le PIB du pays. De quoi leur donner le temps de choisir leurs talents, leurs activités, et donc de s’intégrer dans le système avec le travail. Il restera juste à transformer toutes les garanties actuellement liées au CDI en garanties liées à la personne. Le salariat n’est qu’une étape de l’Histoire et, en la quittant, on change le monde !

Evidemment, il ne faut pas que tous ces changements se fasse par une révolution brutale, sans quoi on s’exposerait à une restauration qui amènerait des formes sociales encore plus violentes. Il faut que ce soit un changement conscient et consenti par les citoyens.

Vous abordez dans votre analyse la question monétaire et préfacez l’ouvrage Stéphane Laborde, La Théorie Relative de la Monnaie. Pouvez-vous expliquer en quoi sa réflexion sur le place de la monnaie rejoint la vôtre ?

Par son analyse sur la création monétaire et par ses critères mathématiques, Stéphane Laborde arrive quasiment aux mêmes conclusions que moi. Ce qu’il dit est incontestable : selon lui, la vraie égalité serait que la monnaie soit distribuée – comme au Monopoly – à chacun, alors que le système de création monétaire qui nous dirige aujourd’hui est un système de création par la dette. Concrètement, les banques “fabriquent” de la monnaie en prêtant aux particuliers et aux entreprises. Pour ce faire, elles s’appuient sur l’argent que la banque centrale leur avance. Et, si jamais il y défaut de paiement, elles se retournent également vers la banque centrale, ce qui fait que cet organe est le premier et le dernier prêteur à la fois !

Ce système vient toujours de l’époque de la rareté. Sauf que, des monnaies rares (car issues du métal), la créativité financière a inventé d’autres mécanismes pour démultiplier la monnaie, permettre l’expansion économique et lutter contre la rareté. Aujourd’hui la monnaie n’est plus rare ! Comme tout le reste, les limites sont des contraintes d’organisation, d’équilibres, d’économie générale. Par contre on entretient la rareté artificielle parce que ce système est rentable pour un certain nombre de ceux qui dirigent les mécanismes de la création monétaire, particulièrement les banques. D’où l’importance du propos de Stéphane Laborde : il faut changer les règles de création monétaire. C’est le troisième gène à modifier de la société. Moi, ce que je proposais, c’était de contourner les obstacles. Je n’étais pas allé bille en tête dans la transformation génétique de la monnaie… car c’est s’attaquer à une forteresse !

Faudrait-il sortir de l’euro pour réaliser cette transformation ?

Non, surement pas. Et justement pour des contraintes monétaires.

La crise de la dette que connaissent les Etats européens est une opportunité extraordinaire. La proportion de dette des états n’est pas catastrophique en soi, comparé aux taux de plus de 200% au sortir de la guerre par exemple. Par contre ce qui fait craindre les marchés financier, c’est l’avenir, car on ne voit pas comment ce niveau d’endettement peut diminuer. D’une part parce qu’aucun Etat ne peut raisonnablement augmenter les impôts pour rembourser la dette : les taux sont déjà relativement élevés pour financer la protection sociale, qui est un pilier fondamental de l’Europe. De plus, dans l’économie mondiale, l’Europe ne peut plus espérer avoir la croissance la plus forte et se permettre ainsi de rembourser sa dette par le décollage du PIB. Enfin, l’allongement de l’espérance de vie et le vieillissement des populations européennes provoque une hausse naturelle des charges de retraites, de santé, de la dépendance. Par conséquent, tous les financier du monde disent “attention, l’Europe peut très bien tomber en défaut, dans l’incapacité de rembourser sa dette !”

Une dette qu’elle s’est interdit de monétiser…

Effectivement. Le mécanisme européen tendrait aujourd’hui à différencier deux types de dettes : la “dette souveraine”, et la “dette subordonnée”. La dette souveraine serait la dette garantie par tous les Etats européens simultanément. L’Europe toute entière emprunterait en émettant des obligations européennes : les sommes seraient emprunté selon un même taux, redistribuées aux Etats de façon à ce qu’ils règlent progressivement leurs déficits budgétaires jusqu’à retrouver les 3% en 2013, et les 60% de dette souveraine en 2040. Les Etats pourraient s’endetter plus mais cette dette là ne serait pas garantie par l’Europe et ses intérêts seraient plus élevés.

Or, un tel emprunt serait peut-être l’opportunité idéale pour fonder un projet collectif européen de revenu d’existence à l’échelle de l’Union. En distribuant cette création monétaire supplémentaires aux particuliers de façon égale (à la manière du dividende universel de Stéphane Laborde) au rythme de 5% par an. De quoi, au passage, redonner de l’espoir dans le projet européen.

Une quatrième piste est possible : créer un franc solidaire égal à l’euro mais non convertible créé par la Banque de France qui nourrirait le revenu d’existence selon principe d’écluse consistant à remplir un réservoir de 250 milliards de francs jusqu’à atteindre le seuil de financement nécessaire pour ce revenu. Dans ce système à deux monnaies, les gens pourraient s’échanger des francs et être payés en euros, sauf que le franc ne pourrait pas être épargné car il perdrait de la valeur au fur et à mesure, afin de n’être qu’une monnaie de consommation. Ce système est viable mais a un inconvénient à mon sens : le lien entre revenu et travail n’est pas coupé, puisque les emplois continueraient d’être rémunérés en euros, ce qui ferait de ce nouveau système un parasite du système préexistant. C’est un pontage coronarien sur un cœur fatigué, alors qu’il faudrait opérer le cœur du système.

Que pensez-vous de la proposition de “revenu citoyen” de Dominique de Villepin ?

Tout d’abord je ne suis pas très surpris puisque dans son discours j’ai entendu quasiment mes propres phrases. Mais il est vraiment resté à la surface des choses. Il n’a pas du bien comprendre. Il utilise le terme de « revenu citoyen », plutôt générique pour définir ce qui est connu depuis longtemps : c’est l’impôt négatif théorisé par Milton Friedman dans les années 1960, dans une version plus généreuse. Or, le problème de ce système est connu : il élargit à des activités non-marchandes, c’est à dire qu’on peut avoir des activités hors du système marchand en contrepartie de cette dotation, alors que dans le système de Friedman, on ne bénéficie de cette somme que si on a un emploi.

Une expérience de ce type a été menée pendant 3 ans dans le New Jersey car on craignait justement que les gens ne travaillent plus et se contentent du revenu octroyé. Or on a vu que non seulement ce n’était pas vrai mais surtout que pour rentrer dans le système il faut un emploi, et un revenu. Si on fixe le niveau à 100 et que j’ai un revenu de 20, alors on me donne 80. Mais si j’ai un emploi qui me rapporte 60, on me donne que 40. C’est à dire que les 40 que j’ai obtenu, c’est comme si on me les reprenait. Donc au final c’est un impôt de 100% sur les revenus entre 0 et 100. Et bien sur, les gens ont compris ce qu’il fallait faire : avoir un emploi peu rémunéré (mais qui fait entrer dans le système pour toucher 20 et recevoir 80 de l’Etat) et à coté travailler au noir pour gagner 80 sans rien déclarer, pour gagner 180 au final plutot que 100. Ils se sont aperçus qu’il fallait alors contrôler ! Mais étendre ce système et son contrôle à tous les Etats Unis cela aurait couté trop cher, et ils ont donc abandonné le projet. Dominique De Villepin ne fait que reprendre cette idée.

Donc il a tort ?

Évidemment qu’il a tort ! Le bon côté, c’est qu’il est le premier homme politique de haut niveau qui attire le regard des médias sur l’idée d’un revenu citoyen. Et donc de ce point de vue là, on peut lui dire merci ! Grâce à sa sortie, je suis persuadé que le revenu d’existence sera au centre du débat en 2012, d’autant que je sais que Dominique de Villepin n’est pas le seul à travailler là dessus…

 

>>> Retrouvez notre dossier spécial sur le revenu citoyen :

>>> Propos recueillis par Stanislas Jourdan

>>> Illustrations flickr CC John Harvey ; mtsofan

>>> Publié  le 18/03/2011 sur : http://owni.fr/2011/03/18/yoland-bresson-revenu-existence/

Pas besoin d’être philanthrope pour admettre le dividende universel

Pas besoin d’être philanthrope pour admettre le dividende universel

Aussi utopique puisse-elle être, la théorie du dividende universel sera, dans un avenir pas si lointain, la seule solution pour faire face aux mutations profondes de la société : l’émergence des monnaies virtuelles, l’explosion des gains de productivité, et l’accroissement de la complexité de la société. Et ça, même les opposants au revenu minimum garanti le comprendront un jour…

Sur ce blog, j’ai défendu à de multiples reprise le dividende universel, via des arguments très différents, allant de la défense d’une certaine décroissance, à l’insoluble problème des gains de productivité, en passant par la description d’un nouveau pacte sociall’étude des expériences menées à ce jour, la dénonciation del’hypocrisie des talibans de la « valeur travail » et bien sûr par l’approche monétaire, et l’échec flagrant des politiques monétaires actuelles. Bref, j’ai battu en brèche de nombreuses objections, critiques, ouinterrogations.

Manifestement, les arguments économiques, progressistes, humanistes, et allant du bon sens ne suffisent pas toujours. Tentons alors une autre approche : imaginons que le revenu de base soit une idée monstrueuse dont personne ne veuille. Évinçons ainsi, pour la méthodologie, tous les arguments tendant à montrer que le revenu de base est une solution positive, souhaitable face à la crise. Ajoutons également un soupçon de cynisme, pour le style.

Et bien même en partant de ces hypothèses, le revenu de base, et encore plus le dividende universel monétaire, demeurent la seule solution connue pour adapter notre structure économique aux mutations qui nous attendent. Et il incombe donc à ceux qui prétendent vouloir/pouvoir diriger ce pays de commencer à y réfléchir sérieusement dès maintenant.

Qui achètera les produits fabriqués par les robots ?

>>> Source & Suite sur : http://www.tetedequenelle.fr/2012/02/dividende-universel-philanthrope/

Le dividende universel face aux théories monétaires ‘hétérodoxes’

Le dividende universel face aux théories monétaires ‘hétérodoxes’

Quelle est le positionnement du dividende universel et de la Théorie relative de la monnaie par rapport aux autres courants de pensées économiques ? Comme nous allons le voir, le dividende universel emprunte à d’autres courants certaines thèses, postulats, mais en rejette d’autres pour en faire un synthèse réellement hétérodoxe… mais non dénué de racines idéologiques.

Le 31 décembre dernier, The Economist consacrait un riche papier sur les « révolutionnaires marginaux » ou les nouveaux courants de pensée monétaire qui ont émergé dans le débat économique grâce aux blogs et à internet en général. The Economist fait référence à trois théories monétaires ayant un écho auprès des économistes plus « mainstream » : les néo-chartalistes, les autrichiens, ainsi que les « monétaristes de marché » [ « market monetarists » en anglais dans le texte]. J’aimerais profiter de cette belle synthèse pour essayer de positionner la Théorie Relative de la Monnaie (TRM) dans ce débat. Nous verrons ainsi en quoi la TRM se nourrit de ces autres approches pour en faire la synthèse.

Précisons néanmoins d’emblée que tout ce qui sera dit dans cet article ne reflète que mon interprétation propre de toutes les théories monétaires su-citées (dividende universel compris). Je peux me tromper…

Une théorie « moderne » : plus de relance budgétaire !

>>> Source & Suite sur : http://www.tetedequenelle.fr/2012/02/dividende-universel-trm-theorie-monetaire-heterodoxe/