Rien à cacher ? Balladez-vous à poil avec une puce dans le bras !

J’ai bien aimé la conférence de Numendil à Pas Sage En seine lors de son passage à la Cantine. Apparemment, ce n’est pas le cas de tout le monde (selon les retours qu’il dit avoir reçus), mais on ne peut pas plaire à tout le monde, paraît-il. Numendil est revenu sur un sujet à l’actualité omniprésente ces derniers temps concernant l’effet sociétale derrière PRISM, la machine à espionner tout le monde des États-Unis, révélée par Edward Snowden.

Image de NeoSting sous licence CC-By

Plutôt que de parler de PRISM, il est revenu – et c’est une très bonne initiative – sur cet état d’esprit que les britanniques ont volontairement matraqué ces derniers temps pour défendre leurs lois liberticides en faveur des ayants-droit, qui dit que « si vous n’avez rien à cacher, vous n’avez rien à craindre« . Avec cette conférence, Numendil a eu au moins le courage et la volonté d’amener le débat sur cette effarante affirmation. N’avez-vous vraiment rien à cacher ? Peut-être êtes-vous aujourd’hui un citoyen modèle obéissant et toujours respectueux en déployant des comportements civilisés, mais ce même citoyen a-t-il envie de se promener littéralement nu partout, avec une puce dans le bras ?

Une chose que j’aime à rappeler en ce moment, c’est cette loi Miranda qui dit que tout ce que vous direz pourra [être] et sera utilisé contre vous. Ajoutons aussi Le Cardinal de Richelieu, qui fut le principal ministre du roi Louis XIII, et a qui l’on prête ces paroles : « Qu’on me donne six lignes écrites de la main du plus honnête homme, j’y trouverai de quoi le faire pendre. ».

N’avoir rien à cacher est avant tout une gageure à la fois faite à soi-même pour se rassurer sur le fait que l’on pense ne rien faire de mal, et faite à ses surveillants autoritaires pour leur faire allégeance et soumission. Sauf que l’on a tous une vie privée et si vous en doutiez encore, même et surtout sur Internet. Seriez-vous d’accord pour qu’une caméra de surveillance de type Xbox One puisse dans votre chambre voir et enregistrer vos pratiques amoureuses pour les retrouver un jour sur Internet ou aux yeux de pervers à la NSA ? Pendant qu’on y est, accepteriez-vous qu’une autre caméra soit placée dans vos WC ? Si ce que vous faites n’est pas répréhensible aujourd’hui, le sera-t-il toujours à l’avenir, si le régime autoritaire devait changer ? Imaginez que certaines de vos pratiques amoureuses ne soient plus autorisées à l’avenir parce qu’allant contre la « morale » autoritaire, ou que vous n’ayez plus le droit d’uriner debout, même chez vous ? Certes, ces exemples restent ici dans l’esprit de la règle 34 sur Internet, qui stipule que si ça existe, il y a du porn dessus, mais pour être plus sobre, cela concerne aussi le simple fait d’émettre des idées. Même la plus banale peut vous cataloguer comme étant un terroriste aux yeux de certains Pouvoirs.

Une petite phrase à retenir de Numendil : « La vie privée n’est ni mauvaise, ni bonne, elle est juste privée »

Enfin, voici un texte que j’avais déjà relayé lorsque je m’étais exprimé sur INDECT. Il montre juste à quel point avoir ce raisonnement et cet état d’esprit sur la vie privée peut amener l’Homme à devenir un simple pion aseptisé et soumis, n’ayant plus aucune liberté.

Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les Juifs, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas Juif.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les catholiques, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas catholique.
Et lorsqu’ils sont venus me chercher, il n’y avait plus personne pour protester.
Martin Niemöller

La conférence de Numendil