L’aliénation du plein emploi

L’aliénation du plein emploi

L’aliénation du plein emploi

Asseyez-vous une seconde et mettez-vous dans la peau du bambin rêveur que vous fûtes. Tentez d’imaginer le futur avec vos yeux d’enfants. Un avenir où les machines, les robots se chargeraient de toutes les tâches que nous trouvons déplaisantes. Un monde où chacun pourrait se concentrer sur l’amélioration du bien commun, à commencer par lui-même. Un univers où nous consacrerions son temps à l’éducation, aux activités artistiques, sociales et culturelles voire, tout simplement, au plaisir de vivre.

Techniquement, tout cela semble aujourd’hui possible. La preuve: le monde est plus riche que jamais. Et nous progressons sur cette voie: il y a de moins en moins de travail ! Sans compter l’immense majorité des emplois qui pourraient être rationalisés. Merveilleux !

Mais alors…

À quel moment nous sommes-nous fourvoyés jusqu’à élire des dirigeants qui nous promettent de « créer du travail » ? À partir de quand sommes-nous devenus mentalement dégénérés au point de considérer le mot « plein emploi » comme un idéal plutôt qu’une insulte au progrès et à la modernité ? Par quelle perversion totale de l’esprit en arrivons-nous à accuser les artistes de rue, les créateurs peu reconnus ou les personnes qui se consacrent à leur famille de ne pas avoir « un vrai travail » ? Pourquoi ce qui est une utopie pour nos yeux d’enfant se révèle-t-il, soudainement, « une crise » contre laquelle nous luttons de toutes nos forces ?

Peut-être est-il temps de réaliser que la crise, la vraie, nous l’avons nous même amorcée en acclamant ceux qui nous promettaient de nous faire travailler, en nous glorifiant de passer d’inutiles heures en cravate dans un cube grisâtre, en stigmatisant ceux qui avait l’air de souffrir différemment voire, infamie suprême, d’être heureux sans se tuer à la tâche !

Quelles que soient les méthodes invoquées, je suis désormais convaincu que les slogans de « relance », « relocalisation », «reprise économique » ne sont que des pierres pour nous enfoncer encore plus profondément. Asservi par des siècles de travail, l’homme a peur de cette nouvelle liberté qui s’offre à lui. Il lutte pour renforcer ses propres chaînes. La solution viendra de ceux qui auront le courage de monter au front politique en disant « Il y a encore trop de travail, nous allons en supprimer autant que possible ! »

La panique résultant de la soudaine ouverture de notre cage millénaire n’est-elle pas dangereuse ? Ne risque-t-elle pas d’avoir des effets négatifs ? Peut-être. Mais doit-on pour autant garder la cage définitivement fermée ? N’avons-nous pas le devoir, nous, première génération disposant de la clé, de faire grandir nos descendants loin de cette oppressante prison ?

 

Concrètement, je vous invite à lire pourquoi la création de l’emploi est nuisible et pourquoi vous êtes, sans peut-être le savoir, en faveur du revenu de base. Nous disposons aujourd’hui d’une occasion unique de mettre le revenu de base sur la table politique de la commission européenne. Pour cela, je vous invite à signer l’initiative européenne en faveur du revenu de base (vos données personnelles sont nécessaires pour la validité du processus et stockées sur un serveur officiel de la commission européenne, aucun danger de récupération commerciale), à parler autour de vous du revenu de base et à soutenir la campagne de financement nécessaire pour obtenir le million de signatures requis. Merci ! 

>>> Source sur : http://ploum.net/lalienation-du-plein-emploi/

>>> L’image d’illustration est de Chris Brown.

>>> Licence : Creative Commons License

>>> Auteur : Lionel Dricot

>>> Sur le même sujet, je vous invite à lire : http://jcfrog.com/blog/je-serais-tellement-plus-utile-au-chomage-emploi-hasbeen/

Creusez un trou et rebouchez-le ensuite

Creusez un trou et rebouchez-le ensuite

Creusez un trou et rebouchez-le ensuite

Chère politicienne, cher politicien,

Si vous avez reçu une copie de ce texte, c’est probablement parce que vous avez tenté de justifier votre position ou votre action avec l’argument « Cela préserve des emplois ».

Je suis désolé pour vous mais vous avez atteint sans le savoir le point « Creusez un trou et rebouchez-le ensuite » (Backyard Digging Point). Ce n’est pas catastrophique, vous n’êtes pas le premier ni le dernier dans cette situation. Mais prenons le temps d’étudier pourquoi cet argument est invalide et, pire, potentiellement dangereux.

Un travail est un service rendu par un fournisseur à un client en échange d’argent (ou de tout autre moyen de paiement). Le travail existe tant que le prix demandé par le fournisseur est inférieur à celui que veut bien payer le client. Si le client n’est pas d’accord, le fournisseur doit soit baisser son prix, soit offrir plus voire changer complètement son business.

Combien me paierez-vous pour creuser un trou dans votre jardin et le reboucher ensuite ? Cela me prendrait plusieurs heures de travail intense. J’estime donc que 200€ est un prix raisonnable. Allez, je veux bien descendre à 150€ mais c’est bien parce que c’est vous. Alors, êtes-vous d’accord ? Probablement pas. Je dois sans doute considérer qu’un travail pour lequel personne ne veut payer est en fait inutile.

Le monde évolue et la société change. Les business sont comme les yaourts: même les meilleurs périment et deviennent désuets. Les entreprises doivent alors effectuer des changements radicaux, ce qui peut se révéler très profitable. Ou elles peuvent tenter de s’attacher à leur paradigme et finir par disparaître. Cela arrive tous les jours, avec parfois quelques inévitables drames humains. Les vendeurs de glace ont été remplacés par des frigidaires, les porteurs d’eau par des robinets. Loin d’être une problématique politique, c’est tout simplement l’évolution.

En tant que politicien, vous êtes élu par le peuple. Vous avez le devoir, entre autres tâches, de vous assurer que l’état fournit certains services pour un prix inférieur à celui qu’il coûte réellement: l’éducation, les transports et vous en ajouterez bien d’autres à la liste en fonction de votre orientation politique. Les bénéfices des entreprises privées, par contre, ne vous regardent en rien. Si le service fournit par une entreprise est tellement critique, il faut se poser la question de le faire administrer par l’état, au nom des citoyens. Sinon, ce n’est pas votre problème.

Lorsqu’elles gagnent de l’argent, les grandes entreprises vont jusqu’à payer les politiciens pour qu’ils ne se mêlent pas des affaires. Mais dès qu’un danger guette leur rentabilité, elles ne se privent pas pour demander à « être protégées ». Vous êtes le représentant des citoyens, non des entreprises. À ce titre, vous ne devez pas rentrer dans ce jeu. Pourquoi ?

Premièrement parce qu’il est illusoire de réguler l’évolution.

Que cela vous plaise ou non, les changements contre lesquels vous luttez sont déjà présents. Plus vous vous y opposerez, plus la transition sera longue et douloureuse. Vous pouvez tenter de construire un mur au milieu d’une rivière mais, quoi que vous fassiez, l’eau finira bien par passer, inondant la rive. Si, au contraire de vouloir la bloquer, vous acceptez de vous mouiller et de vous adapter au flux, tout deviendra plus facile, naturel.

Deuxièmement parce que c’est une catastrophe économique

Préserver des emplois ou éviter des licenciements n’est jamais qu’une mesure temporaire, un garrot posé en urgence. Si le travail n’est pas rentable, rien ne permettra de le préserver. Vous investissez donc de l’argent et de l’énergie dans une cause perdue, un gouffre financier. Mais, en temps que politicien, ce n’est pas votre argent que vous jouez, c’est celui des citoyens. Vous avez donc la responsabilité d’investir afin d’en faire profiter tous les citoyens. Il est vrai que, à court terme, préserver temporairement quelques emplois peut vous faire gagner quelques voix aux prochaines élections. Est-ce que la réélection est votre unique ambition politique ?

Troisièmement parce que ce n’est pas éthique

Pensez-vous que nous aurions dû garder la peine de mort afin de ne pas mettre les bourreaux au chômage ? L’exemple vous semble tiré par les cheveux ? Pourtant nous n’en sommes guère loin lorsqu’on aborde la survie de notre planète. Pourquoi faut-il trouver un compromis entre l’économie et l’écologie ? Quel sens cela aura-t-il d’avoir une économie florissante si nous n’avons plus de planète ?

Finalement, en cherchant à « préserver l’emploi », vous allez à l’encontre de l’évolution de la société. Des nouvelles entreprises, des nouveaux marchés, des jeunes entrepreneurs sont directement affectés par vos tentatives désespérées de « préserver les emplois ». C’est aussi simple que ça: malgré toutes vos bonnes intentions, vous êtes en fait en train de détruire les opportunités d’emploi du futur. Des myriades de nouvelles entreprises sont mort-nées du fait de votre action.

Quatrièmement parce que cela complique la vie

Avec la technologie actuelle, l’administration et la paperasse sont oubliées. Ou du moins pourraient l’être. Avec quelques judicieux investissements, la plupart des procédures administratives pourraient être automatisées ou simplifiées à l’extrême. Le monde ne s’en porterait certainement pas plus mal. Mais, devinez quoi, nous craignons un monde plus simple. Nous complexifions à dessein afin de préserver le sacro-saint poste de « poseur de cachet sur formulaire certifié ».

C’est particulièrement visible dans les administrations publiques mais, croyez moi, les grandes entreprises ne s’en sortent pas toujours mieux. Le spectre Luddite de « la perte d’emploi » nous fait rejeter, sans même y réfléchir, tout ce qui pourrait nous simplifier la vie. « On a toujours fait comme ça » ou « Tout le monde fait comme ça » sont des pauvres excuses, non des justifications valables.

Enfin, parce que l’emploi n’est pas absolument nécessaire

À vous entendre, perdre son travail est la fin du monde. Or n’oublions pas que le travail n’est, au final, qu’une manière parmi d’autres d’obtenir un revenu et qu’avoir un revenu régulier n’est qu’une des nombreuses manières de vivre. Certains, rares, vivent parfaitement heureux sans revenu. D’autres, et ils sont nombreux, ont des revenus réguliers qui ne proviennent pas de leur travail. D’ailleurs, d’une manière générale, très peu de personnes riches tirent leurs revenus de leur travail actuel.

On entend parfois que les jeunes générations sont paresseuses car elles ne veulent pas travailler autant que leurs aînés. En fait, elles souhaitent tout simplement vivre plus. Pourquoi gâcheraient-elles leur temps à faire des choses qui pourraient être automatisées ? Bien sûr qu’elles ont de l’énergie à revendre mais seulement si vous leur proposez un travail qui est important, enrichissant. Non, creuser un trou et le reboucher n’est pas considéré comme enrichissant.

Backyard digging

Très souvent, des personnes bien intentionnées diront que tout le monde ne peut pas être un ingénieur ou un artiste, que nous devons également donner du travail à la population « stupide ». Comme si le monde pouvait être divisé en deux catégories, les ingénieurs et les stupides, incapables de faire quoi que ce soit qu’une machine ne puisse faire. Cette question revient très régulièrement sur le tapis depuis le début de la révolution industrielle mais, néanmoins, nous avons le potentiel d’être plus prospères que jamais. Malgré cela, certains politiciens travaillent d’arrache-pied à rendre obligatoire le fait de creuser des trous et de les reboucher ensuite, fiers de leur condescendance envers les « stupides ».

Conclusion

Cher représentant du peuple, à partir de maintenant, vous n’avez plus d’excuse. Chaque fois que vous direz « sauver des emplois », vous penserez « faire en sorte que les gens creusent des trous et les rebouchent ensuite ». Vous savez que toute action uniquement justifiée par la nécessité de « préserver l’emploi » est contre-productive. À la place, donnez aux citoyens plus de liberté, plus de temps, moins de paperasseries stupides et les emplois apparaîtront spontanément. Les gens ne sont pas stupides. Certes, ils peuvent le paraître lorsqu’on leur demande de faire des choses stupides comme creuser et reboucher des trous. Si nous arrêtons, nous avons les moyens de profiter du potentiel caché de toute une humanité. N’avez-vous jamais rêvé d’un monde où vous ne devriez jamais faire ce qui vous ennuie ?

Et, lorsqu’on y réfléchit, les « stupides » ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Comment appeler autrement ceux qui investissent dans une cause perdue d’avance ? N’oubliez jamais que, la technologie évoluant, Vous pourriez vous-même être remplacé par une solution plus performante. Le temps est compté, commençez dès maintenant à investir dans le futur !

>>> Photos par Chiot’s Run et Travis S.

>>> Source sur :  http://ploum.net/creusez-un-trou/

Pourquoi vous êtes, sans le savoir, favorable au revenu de base

Pourquoi vous êtes, sans le savoir, favorable au revenu de base

Pourquoi vous êtes, sans le savoir, favorable au revenu de base

Pensez-vous qu’il soit acceptable de laisser un humain mourir de faim ? À l’heure où l’humanité produit plus de richesses que jamais, je suis convaincu que la société se doit d’être solidaire avec ceux qui sont dans la difficulté. Le degré d’aide que la communauté doit apporter à ses déshérités varie certainement selon votre opinion politique ou philosophique mais nous pouvons certainement nous entendre sur un socle commun. Un minimum auquel chaque être humain doit avoir droit, quelles que soient les difficultés auxquelles il est confronté : de la nourriture, un logement, des vêtements. J’entends les geeks du fond crier « Et un accès Internet ».

Dans le pays où je vis, cette solidarité existe principalement sous la forme du chômage. Il est en effet considéré comme acquis que le seul moyen de subvenir à son existence est de travailler. Ceux qui ne travaillent pas n’ont pas de salaire et l’état leur fournit un remplacement, du moins s’ils prouvent qu’ils aimeraient travailler.

Le problème du chômage

Le chômage pose un problème fondamental qui est emblématique de notre société. Imaginons une personne qui, dans sa situation, peut obtenir un chômage de 1000 €. Cette même personne trouve un travail qui lui permet de gagner 1500 € par mois. Pour le travailleur, la différence entre le travail et le chômage est donc de 500 €. En vérité, elle n’est donc pas payée 1500 € mais bien 500 €. C’est en tout cas sa perception.

De l’autre, nous avons l’entreprise qui emploie cette personne. Afin de payer 1500 € par mois à l’employé, elle doit verser un salaire brut de 2500 €. Sans compter les lois sociales, les charges patronales, les assurances. Au total, l’entreprise paie donc 4000 €. Comme l’employé coûte également au quotidien (remboursements de frais, café, chauffage, électricité, eau), l’entreprise ne l’emploie que si son travail rapporte au moins 5000 € par mois.

Je simplifie mais l’échelle de grandeur est plus ou moins exacte : l’employé va produire 5000 € de travail mais n’en verra que… 500€ ! Si l’employé désire travailler à temps partiel, par exemple pour se consacrer à sa famille, il risque de toucher moins que le chômage à temps plein (situation réelle que je tiens de première main). Pour le patron, c’est encore pire vu que pour obtenir de l’employé la moitié du travail, il va devoir payer près de deux tiers d’un salaire normal. Ce n’est pas étonnant que le temps partiel soit si peu répandu !

Au total, l’employé et l’entreprise sont tous deux perdants. Mais qui est le gagnant ? Le gagnant est tout simplement l’État qui grossit et qui consomme une énorme quantité d’argent pour… mettre en place des administrations afin de vérifier qu’une personne a bien remplit les quinze formulaires qui prouvent qu’elle bénéficie du chômage. Une administration où l’on emploie des milliers de personnes pour tenter de faire trouver du travail à quelques autres. En désespoir de cause, on proposera aux chômeurs qui ne trouvent rien depuis des années de… devenir formateurs dans la recherche d’emploi auprès des autres chômeurs (situation réelle que je tiens de première main).

Le chômage remplit-il ses objectifs ?

Bref, une solution loin d’être idéale mais peut-être est-elle au moins efficace ? Pas vraiment… L’administration est tellement complexe que certaines personnes dans des situations précaires se voient exclure du chômage. D’autres s’en sortent tellement bien dans les rouages qu’ils touchent l’argent et vont vivre confortablement une partie du temps dans un pays où la vie est moins chère tout en respectant scrupuleusement la loi et les règles (situation réelle que je tiens de première main).

Les chômeurs sont donc stigmatisés en « profiteurs ». Comment pourrait-il en être autrement, ils gagnent à peine moins qu’un employé de supermarché qui travaille neuf à dix heures par jour et rentre chez lui exténué ?

Or le travail se fait rare. Pourquoi devrait-on en créer ? N’est-ce pas un succès de l’humanité que d’arriver à diminuer le travail ? Le chômage pousse à la création d’un travail artificiel, il encourage le creusage/rebouchage de trous, il permet à certains de jouer avec le système et exclut définitivement certains nécessiteux. Pire, pour certains travailleurs le chômage décourage d’entreprendre le moindre travail vu que travailler ne fait pas toujours gagner plus. Pire, il peut vous faire perdre vos allocations. Le postulat de départ d’être un outil pour fournir à chaque citoyen le minimum vital semble donc loin d’être atteint.

Simplifions le tout

Vous vous doutez bien que si je dénonce cette situation, c’est que j’ai une solution. Reprenons le problème initial : fournir à chaque citoyen le minimum vital. Eh bien voilà ! Elle est là la solution ! Il suffit de fournir à chaque citoyen un revenu minimal auquel il a droit quelle que soit sa situation. N’est-ce pas merveilleusement simple et élégant ?

Ce principe s’appelle le revenu de base ou revenu inconditionnel. Il est étudié et même recommandé par de nombreux économistes depuis des décennies. Il a l’immense mérite de simplifier notre vision de la société et de l’économie. Si, par exemple, le revenu de base est de 1000 € par mois, votre patron vous proposera un salaire de 500 € pour que vous ayez un total de 1500 €. Plus d’inégalités, plus de stigmatisation entre travailleurs et chômeurs. C’est également un grand promoteur du travail à temps partiel. Un mi-temps ? 250 € au lieu de 500 €, c’est parfaitement honnête, logique et compréhensible par tous.

Oui mais…

Je sais que l’idée fait peur. Après tout, elle chamboule des fondamentaux de notre société et notre éducation. Elle fait descendre le dieu travail de son piédestal.

Le coût, tout d’abord, semble très important pour l’État. Mais plusieurs simulations montrent que la simplification qui s’ensuivrait serait, au contraire, bénéfique (liens bienvenus). Imaginez en effet le nombre de primes, d’aides diverses, de revenus artificiels qui peuvent être supprimés si l’on postule un revenu de base ! Tout cela va de pair avec la réduction administrative. Beaucoup semblent également craindre l’arrêt total de l’économie car plus personne ne voudrait travailler.

Là, je vous arrête : le revenu de base est, comme son nom l’indique, une base. Demandez autour de vous qui serait prêt à arrêter de travailler et ne gagner qu’un revenu de base, c’est loin d’être la majorité. La diminution conséquente des salaires entrainera également les entreprises à embaucher plus facilement. Bref, cela relance notre économie.

Au final

Vous n’êtes toujours pas convaincu ? Réfléchissez sur le principe fondamental, imaginons que vous arriviez à mettre en place un chômage idéal qui n’exclut personne sauf les profiteurs qui n’en ont pas besoin. Cela parait utopique mais admettons.

Vous savez quoi ? Vous venez en fait de mettre en place l’équivalent d’un revenu de base. Un système ou tout le monde touche le minimum vital quoi qu’il arrive. Tout ce qu’on peut reprocher au revenu de base est, en fait, intrinsèque à tout système solidaire avec les plus nécessiteux.

Sauf que votre système est infiniment plus compliqué et plus coûteux. Il demande de mettre au travail une armée de personne (les fonctionnaires) qui sont payées par les impôts prélevés sur les salaires. Cela engendre donc un fort sentiment d’injustice auprès des travailleurs et cela plombe l’économie  à cause des charges salariales.

Le chômage, ou tout système de solidarité est, quand on y pense, une variation plus ou moins complexe autour du revenu de base. Si, comme moi, vous pensez qu’un être humain devrait avoir un toit et de quoi manger, vous êtes sans le savoir en faveur du revenu de base.

Il ne nous reste plus qu’à convaincre nos représentants.

Si vous êtes citoyen européen, prenez quelques secondes pour signer, c’est important et cela obligera le Parlement européen à débattre du revenu de base. Un million de signatures sont nécessaires et on est encore loin du compte. Faites suivre à vos amis, vos connaissances, sur les réseau sociaux. Par votre signature, vous ne vous engagez pas à soutenir le revenu de base : vous demandez juste à ce qu’il soit à l’ordre du jour du parlement européen. Même si cela vous parait utopique ou irréaliste, l’important est d’ouvrir le débat et d’élargir le champ des possibles.

>>> Photo par B.C. Ministry of Transportation and Infrastructure

>>> Source sur : http://ploum.net/pourquoi-vous-etes-sans-le-savoir-favorable-au-revenu-de-base/

La première guerre civile mondiale

La première guerre civile mondiale

Chaque jour qui passe apporte son lot de confirmation sur une vérité que beaucoup voudraient ignorer : nous sommes en guerre. Une guerre larvée, relativement calme mais une guerre tout de même.

La première guerre civile mondiale

Contrairement à une guerre traditionnelle, une guerre civile n’a pas de front bien tracé, de belligérants clairement identifiables à la couleur de leur uniforme. Chaque camp est partout, au sein d’une même ville, d’un même quartier, d’une même famille.

D’un côté, nous avons une classe de pouvoir. Riches, puissants, ils ont l’habitude de contrôler, ils ne connaissent pas le doute. Ils décident et sont intimement persuadés de le faire dans l’intérêt général. Beaucoup, ni riches ni puissants, les soutiennent. Par peur du changement. Par habitude. Par intérêt personnel. Par crainte de perdre certains acquis. Ou par incapacité intellectuelle de comprendre la révolution à l’œuvre.

De l’autre, voici la génération numérique. Issus de tous les sexes, tous les âges, toutes les cultures, tous les emplacements géographiques. Ils discutent entre eux, s’échangent des expériences. Découvrant leurs différences, ils se cherchent des points communs en remettant tout en question, jusqu’à la foi et aux valeurs profondes de leurs parents.

Cette population a développé des valeurs qui lui sont propres mais également une intelligence analytique hors du commun. Les outils dont elle dispose lui permettent de pointer très vite les contradictions, de poser les questions pertinentes, de soulever le voile des apparences. À travers des milliers de kilomètres de distance, ses membres peuvent ressentir de l’empathie pour tous les humains.

Un fossé grandissant

Longtemps, j’ai été persuadé qu’il ne s’agissait que d’une question de temps. Que la culture numérique imprégnerait de plus en plus chaque individu et que les plus réfractaires finiraient par disparaître, au fil des générations et du renouvellement naturel.

Malgré la popularisation des outils tels que le smartphone ou Twitter, cette fracture ne s’est pas résorbée. Au contraire, elle n’a fait que s’empirer. L’ancienne génération n’a pas adopté la culture numérique. Elle s’est contentée de manipuler aveuglement les outils sans les comprendre, en une parodie désespérée du culte du cargo. Résultats : des musiciens qui insultent leurs propres fans, des journaux dont le site web, envahi de publicités, semble être une copie conforme de la version papier, des jeunes politiciens qui utilisent Facebook ou Twitter comme une machine à publier des communiqués de presse sans jamais tenter de communiquer avec leur électorat.

Il y a 40 ans, deux journalistes révélaient au monde que le président de la nation la plus puissante utilisait les services secrets pour mettre sur écoute ses adversaires politiques. Ce travail d’investigation leur vaudra le prix Pulitzer et mènera à la démission du président.

Aujourd’hui, des acteurs imprégnés de culture numérique révèlent au monde que le président à mis le monde entier sur écoute ! Qu’il envoie des hommes massacrer cyniquement des civils. Ces révélations leur vaudront 35 ans de prison pour l’un et une traque à travers le monde entier pour l’autre. Le président en question est, quant à lui, titulaire d’un prix Nobel de la paix.

La mort du journalisme

Contrairement au Watergate, il n’est plus possible de compter sur la presse. Une grand partie des journalistes ont tout simplement cessé tout travail de fond ou d’analyse. Les journaux sont devenus des organes de divertissement ou de propagande. Un esprit un peu critique est capable de démonter la majorité des articles en quelques minutes de recherches sur le web.

Et lorsque certains journalistes commencent à creuser, ils voient leur famille se faire arrêter et détenir sans raison, ils reçoivent des menaces politiques et sont forcés de détruire leur matériel. Le site Groklaw, qui fut un site déterminant dans la publication d’actualités liées à des grands procès industriels, vient de fermer car sa créatrice a pris peur.

La classe dirigeante a décidé que le journalisme devait se contenter de deux choses : faire craindre le terrorisme, afin de justifier le contrôle total, et agiter le spectre de la perte d’emplois, afin de donner une impression d’inéluctabilité face aux choix personnels.

Bien sûr, tout cela n’a pas été mis en place consciemment. La plupart des acteurs sont intiment persuadés d’œuvrer pour le bien collectif, de savoir ce qui est bon pour l’humanité.

On vous fera croire que l’espionnage des mails ou l’affaire Wikileaks sont des détails, que les questions importantes sont l’économie, l’emploi ou les résultats sportifs. Mais ces questions dépendent directement de l’issue du combat qui est en train de se jouer. Les grandes crises financières et les guerres actuelles ont été créées de toutes pièces par la classe actuellement au pouvoir. La génération numérique, porteuse de propositions nouvelles, est bâillonnée, étouffée, moquée ou persécutée.

L’état de panique

En 1974, pour la classe dirigeante il est plus facile de sacrifier Nixon et de faire tomber quelques têtes avec lui. Le parallèle avec la situation actuelle est troublant. La classe dirigeante a peur, elle est dans un état de panique et n’agit plus de manière rationnelle. Elle cherche à faire des exemples à tout prix, à colmater les fuites en espérant qu’il ne s’agit que de quelques cas isolés.

Ils n’hésitent plus à utiliser les lois anti-terroristes de manière inique, contre les journalistes eux-mêmes. Ceux qui prédisaient de telles choses il y a un an étaient traités de paranoïaques. Mais les plus pessimistes ne les avaient probablement pas imaginées aussi rapidement, aussi directement.

La destruction des disques durs du Guardian est certainement l’événement le plus emblématique. Son inutilité, son absurdité totale ne peuvent masquer la violence politique d’un gouvernement qui impose sa volonté par la menace à un organe de presse reconnu et réputé.

Cet épisode illustre la totale incompréhension du monde moderne dont fait preuve la classe dirigeante. Un monde qu’elle pense diriger mais qui échappe à son contrôle. Se drapant dans la ridicule autorité de son ignorance, elle déclare ouvertement la guerre aux citoyens du monde entier.

Une guerre qu’elle ne peut pas gagner, qui est déjà perdue. Mais qu’elle va tenter de faire durer en entraînant dans leur chute de nombreuses victimes qui seront injustement emprisonnées pendant des années, torturées, arrêtées, harcelées, détruites moralement, poussées au suicide, traquées à travers le monde.

C’est déjà le cas aujourd’hui. Et parce que vous aurez eu le malheur d’être sur le mauvais avion ou d’avoir envoyé un email à la mauvaise personne, vous pourriez être le prochain sur la liste. Il n’y a pas de neutralité possible. Nous sommes en guerre.

>>> Source sur : http://ploum.net/la-premiere-guerre-civile-mondiale/

>>> Photo par Jayel AheramEnglish version available on Falkvinge.net.

Sharing is caring  Creative Commons License

>>> The La première guerre civile mondiale by Lionel Dricot, unless otherwise expressly stated, is licensed under a Creative Commons Attribution 2.0 Belgium License.

 

Patrons, laissez vos employés accéder à Internet !

Patrons, laissez vos employés accéder à Internet !

Patrons, laissez vos employés accéder à Internet !

 

De temps en temps, je reçois un email d’un lecteur qui me demande la version PDF d’un de mes articles, mon blog étant bloqué par le pare-feu de son employeur.

Aussi, je voudrais m’adresser à ceux qui emploient ces personnes: dans l’intérêt de votre business, laissez vos employés accéder librement à Internet. Oui, entièrement et librement.

« Mes employés sont payés pour travailler, pas pour aller sur Facebook »

« Je glanderais bien sur Facebook mais comme je n’y ai pas accès, je vais être productif », phrase que n’a jamais dit aucun employé dans l’histoire de l’humanité.

Vos employés sont payés pour effectuer un travail. Veiller à ce que ce travail soit accompli est de la compétence d’un supérieur hiérarchique. C’est la seule manière de savoir si une personne fait bien son travail. Le nombre d’heures prestées ou le nombre d’accès à Facebook ne sont en aucun cas représentatif de la productivité de la personne. Si vos employés passent la majeure partie de leur temps sur Facebook, ce n’est pas à l’employé qu’il faut en vouloir  mais bien au supérieur hiérarchique direct. Et encore, seulement si le travail n’est pas accompli. Car après tout, s’il l’est, de quoi vous plaignez-vous ?

Dans le monde actuel, vous ne savez jamais d’où peut venir la prochaine bonne idée, le prochain contrat juteux, la petite innovation qui multipliera vos marges par deux. En restreignant la liberté en ligne de vos employés, vous supprimez volontairement des opportunités. Vous vous coupez du monde et vous forcez vos employés à faire de même. À moins qu’ils ne surfent via leur téléphone, auquel cas vos efforts sont de toutes façons vains.

Les sites pornos ? si un de vos employé s’ennuie au point de passer son temps sur des sites pornos, une fois encore le problème n’est pas l’employé. Tant qu’il n’importune pas ses collègues et que le boulot est fait, où est le soucis ?

Que vous le vouliez ou non, Internet fait à présent partie intégrante de la vie. Le professionnel et le personnel se mêlent de plus en plus, des solutions complètement inattendues apparaissent à l’autre bout du monde.

Contrôler l’accès internet de vos employés revient à construire une prison. Une prison dans laquelle vos employés sont forcés de venir s’enfermer huit ou neuf heures par jour, les heures étant souvent contrôlées avec des badges à l’entrée. Une prison depuis laquelle les communications avec le monde extérieur sont limitées et surveillées.

Par un simple volonté de contrôle, vous brisez non seulement toute velléité de créativité ou de motivation, vous montrez également à vos employés que vous ne leur faites pas confiance. Ce en quoi, ils vous donneront forcément raison, procrastinant, s’ennuyant et comptant les minutes avant la permission quotidienne, le tout en regardant par la fenêtre. Car dehors, il fait beau. Dehors, les gens sont heureux, ils vont et viennent librement. Dehors, ils ont internet et ne comptent pas les heures.

Bien sûr, vous lirez ceci en souriant, en vous disant que votre business est différent, que vous n’avez rien à apprendre d’un blogueur. Rassurez-vous, je ne m’en fais pas pour vos employés. Car quelle est la seule chose dont rêve un prisonnier ? S’échapper pour de bon ! Et soyez certain qu’il le fera à la première occasion.

>>> Photo par Joshua Davis

>>> Source : http://ploum.net/post/patrons-laissez-vos-employes-acceder-a-internet

Égalité pour tous !

Égalité pour tous !

Le 23 avril, Bernard et Jean-Pierre se sautaient dans les bras. Aujourd’hui, avec un petit groupe d’une centaine de personnes, ils manifestent devant l’Élysée en réclamant une solution. Des panneaux “Égalité” et “Pour tous” sont brandis.
— Nous ne pouvions y croire, murmure Jean-Pierre avec un brin de nostalgie. À l’époque j’étais réellement amoureux.

Les deux amants ont donc immédiatement accompli les formalités nécessaires et, en juin 2013, ils comptaient parmi les premiers couples homosexuels mariés en France. Dans la foulée, ils achètent un appartement en banlieue parisienne.

Mais, dès septembre, le couple bat de l’aile.
— Je ne connaissais pas Berrnard sous ce jour. Il est devenu colérique.

À part, Bernard nous confie :
— Cette salope de Jean-Pierre est sorti avec Sabrina, ma meilleure amie, un soir où j’étais en voyage d’affaire. Il avait bien caché ses penchants hétéros.

La situation devenant tendue, le couple décide de divorcer. Mais à la première audience, surprise : la loi n’autorise le divorce qu’entre un homme et une femme. Si le vote du 23 avril a rendu le mariage accessible aux couples de même sexe, il n’en est pas de même pour le divorce.

Refusant chacun d’abandonner l’appartement qu’ils ont acheté ensemble, Bernard et Jean-Pierre sont donc forcé de cohabiter. Ce que Jean-Pierre considère comme très éprouvant.
— Comme je travaille essentiellement à domicile, cela me force de vivre 24h sur 24 avec une pédale comme Bernard. Sans compter que ma relation avec Sabrina en souffre énormément.

Leurs amis ont bien essayé de trouver un arrangement.
— Je veux bien revendre mes parts de l’appartement, nous dit Bernard, mais j’exige la garde de Kiki, mon hamster.
— Hors de question que je laisse mon hamster à une tantouze, tempête Jean-Pierre.
— C’est mon hamster, espèce de vieux pervers !

Les deux époux ont donc lancé le Divorce Pour Tous, un collectif qui a pour but de réclamer l’égalité devant le divorce. Kiki en est rapidement devenu l’icône, ainsi que nous confie une militante qui brandit un panneau à son effigie :
— Si je suis ici c’est parce que je trouve injuste qu’une pauvre bête comme Kiki souffre à cause de la bêtise des hommes. À cause d’une loi mal conçue, ce hamster est obligé de vivre dans une situation conflictuelle permanente, tiraillé entre ses deux papas. C’est affreux. Le parlement doit agir pour mettre fin à cette situation ! Pour sauver Kiki, nous réclamons le divorce pour tous.

Et la centaine de militants de reprendre avec elle :
— Pour sauver Kiki, le divorce pour tous !

>>> Licence : Creative Commons License & auteur : Lionel Dricot

>>> Source : http://ploum.net/post/egalite-pour-tous

Bitcoin pour les nuls

Bitcoin pour les nuls

Vous entendez peut-être parler, surtout sur ce blog, du Bitcoin. Mais qu’est-ce donc ? Et bien, il s’agit d’une monnaie. Rien de moins, rien de plus.

Mais au fond, qu’est-ce qui caractérise une monnaie ? C’est un instrument dans lequel vous placez une certaine confiance. La confiance de pouvoir, plus tard, l’échanger contre des biens ou des services dont vous avez besoin. Ce qui vous pousse, vous-même, à l’accepter en échange d’un service ou d’un bien. Dans la plupart des cas, la monnaie n’est qu’un instrument et n’a pas de valeur intrinsèque ou alors une valeur intrinsèque plus faible que la valeur faciale. Depuis plusieurs années, la monnaie est même devenue principalement virtuelle : il s’agit d’un chiffre qui s’affiche sur un écran. Avez-vous déjà songé que vous travaillez uniquement pour augmenter un chiffre sur un « compte » ?

Afin de maintenir la confiance, il faut que la monnaie soit suffisamment rare et difficile à produire. C’est une des raisons qui ont fait que, très tôt, les hommes ont adopté l’or, l’argent ou les coquillages comme monnaie : rare, difficile à trouver ou à contrefaire et facile à transférer ou à diviser en plus petites parties.

Mais les billets de banques ou les chiffres sur un ordinateur peuvent être reproduits très facilement. Une rareté artificielle est donc maintenue par les états et les banques. L’importance de la monnaie fait que ceux qui la contrôlent, les états et les banques, ont un pouvoir énorme.

Bitcoin est également une monnaie virtuelle. Il s’agit simplement d’un chiffre sur un ordinateur. Mais grâce à un algorithme mathématique complexe, il est possible de le rendre  inmultipliable sans recourir à une autorité centrale. Toute personne qui envoie un bitcoin le perd donc, comme pour n’importe quelle monnaie. Cela fonctionne tellement bien que des internautes ont commencé à avoir confiance dans le fait qu’il pouvait acheter des biens, des services, des euros ou des dollars avec des bitcoins. Le Bitcoin a donc acquis une valeur proportionnelle à cette confiance.

Comment fonctionne Bitcoin ?

Pour simplifier très grandement, chaque bitcoin est en fait la solution à un problème mathématique ultra-complexe. De par sa conception, nous savons qu’il existe un total de 21 millions de solutions différentes à ce problème mathématique. Mais les solutions les plus simples étant trouvées les premières, il devient de plus en plus difficile de trouver de nouvelles solutions. À ce jour, 11 millions de bitcoins sont en circulation, de nouveaux bitcoins apparaissent chaque jour chez les « mineurs », personnes équipées de matériel pour la recherche de solutions. Nous savons qu’il n’y aura jamais plus de 21 millions de bitcoins en circulation et chaque nouveau bitcoin est plus difficile à trouver que le précédent.

Un bitcoin est donc unique et rare. Mais il est divisible presqu’à l’infini, ce qui permet de ne pas limiter les échanges.

Le problème qui se pose ensuite est la double dépense. Comment s’assurer que lorsque je donne un bitcoin à quelqu’un, je n’en garde pas une copie. La solution est conceptuellement simple : le logiciel qui permet d’envoyer et de recevoir des bitcoins télécharge, en peer-to-peer, l’historique de tous les propriétaires successifs. Si je donne un bitcoin à Alice mais que j’essaie de le garder pour le dépenser une seconde fois chez Bob, Bob verra immédiatement, dans l’historique du bitcoin en question, qu’il a déjà été donné à Alice. Bob le refusera donc.

Il s’agit évidemment d’une simplification outrancière (et fausse par certains aspects) mais qui vous donne une idée de ce qu’est le bitcoin.

Comment obtenir des bitcoins ?

La première chose à faire c’est d’avoir un portefeuille pour recevoir des bitcoins. Vous pouvez soit vous créer un compte sur un service de portefeuille Bitcoin soit installer un client bitcoin sur votre ordinateur. Votre portefeuille peut générer des adresses de réception qui ressemble à 18Trqk3tKkF8vNoW6am5rx8K6wUSQAqo1q. 

Muni de cette adresse, vous pouvez échanger vos euros ou vos dollars contre des bitcoins. Cet échange peut se faire en direct avec une connaissance ou un ami. Ou bien, vous pouvez vous rendre sur un site d’échange de bitcoins. Le plus connu est sans conteste MtGox, par lequel transite la toute grande majorité des échanges bitcoins/dollars. Mais l’utiliser implique pas mal de contraintes de sécurité. Un échange plus simple d’accès est Bitstamp. Une fois votre compte créé là-bas, vous pouvez faire un versement en euros, qui sera converti en dollars. Avec ces dollars, vous pourrez acheter des bitcoins et vous les envoyer sur votre adresse.

Une autre manière bien plus intéressante est de fournir vos services ou vos biens contre paiement en bitcoins. Il vous suffit de générer une adresse par transaction et de la donner à votre client. Le client ne peut pas ajouter de commentaire avec son paiement, ce qui rend Bitcoin un peu complexe et contre-intuitif lors des transactions.

Comment payer en bitcoins ?

Dépenser les bitcoins est très simple. Si vous faites un achat sur un site acceptant les paiements en bitcoins, vous verrez tout simplement l’adresse de réception du vendeur. Dans votre client bitcoin (en ligne ou sur votre ordinateur), introduisez cette adresse et le montant. Voilà, c’est aussi simple que ça. À titre d’exercice, copiez/coller 18Trqk3tKkF8vNoW6am5rx8K6wUSQAqo1q et envoyez moi ce que vous voulez, par exemple 0,01 bitcoin. Voilà, vous venez de faire un paiement. Ce paiement est anonyme : je n’ai aucun moyen de savoir qui me l’a envoyé. Notons que cet anonymat n’est pas absolument garanti si les investigateurs disposent de moyens suffisants.

Cette facilité et cet anonymat sont une force mais également un danger pour les utilisateurs peu avertis. En effet, imaginons que votre fournisseur d’accès internet décide de remplacer automatiquement les adresses Bitcoin dans les sites que vous visitez par ses adresses à lui. En toutes bonne foi, vous allez envoyer un paiement à l’adresse qui s’affiche sur votre écran. Mais votre destinataire ne recevra rien. Il est donc important de garantir la validité d’une adresse de paiement et Bitcoin ne résout pas ce problème.

Comment garder ses bitcoins en sécurité ?

Si vous avez installé un client Bitcoin sur votre ordinateur, il est impératif de sauvegarder votre fichier wallet.dat et de bien vous souvenir de son mot de passe. Si vous perdez l’un ou l’autre, vos bitcoins sont perdus sans espoir. Vos économies sont donc à la merci d’un crash disque ou d’un vol de laptop si vous n’y prenez garde. D’un autre côté, votre fichier wallet.dat ne doit pas tomber en de mauvaises mains.

Quand aux services de portefeuille Bitcoin en ligne, ils sont la proie des pirates ou des arnaqueurs. J’avais ainsi décidé de ne pas mettre mes œufs dans le même panier en mettant des bitcoins sur TradeHill, qui a fait faillite en emportant tous les bitcoins, sur Bitcoin7, qui a disparu du jour au lendemain et sur Bitmarket, dont le propriétaire s’est fait voler les bitcoins. Une belle leçon…

Garder ses bitcoins en sécurité nécessite donc une attention et une expertise assez pointue.

L’avenir du Bitcoin

Malgré ses défauts, Bitcoin permet de s’affranchir du contrôle des banques et des états. Personne ne contrôle Bitcoin. C’est pourquoi certaines personnes font confiance au Bitcoin. Cette confiance se traduit par une montée des prix. Cette montée des prix est elle même entretenue par les spéculateurs : les personnes qui ne font pas spécialement confiance au Bitcoin mais qui espèrent que les prix vont monter et qui ne font qu’acheter pour revendre plus tard. La proportion entre les spéculateurs et ceux qui achètent des bitcoins pour les dépenser, que ce soit maintenant ou plus tard, est tout à fait inconnue.

Personne ne peut prédire l’avenir. Il est très important de garder à l’esprit que tout achat de bitcoins à titre d’investissement est à haut risque. On n’investit que ce qu’on peut se permettre de perdre totalement.

Dans un futur proche, Bitcoin pourrait résoudre ses problèmes et, en se simplifiant, devenir pour la monnaie ce que l’email est à la communication et finir par s’échanger à plus de 1000$ le bitcoin. De même, une faille dans l’algorithme mathématique pourrait être découverte et faire tomber à zéro la valeur du Bitcoin en quelques heures.

De mon côté, je vous ai déjà raconté comment je voyais l’avenir. À vous de faire confiance au Bitcoin… ou pas !

>>> Source sur : http://ploum.net/post/bitcoin-pour-les-nuls

>>> Licence : Creative Commons License

Le problème avec l’argent

Le problème avec l’argent

Si tout le monde rêve d’avoir de l’argent, force est de constater que le mot a pris une connotation très péjorative dans notre société. Est-il pire insulte que « riche » alors que « pauvre » porte la compassion ?

Pourtant, l’argent est un outil particulièrement utile. C’est une manière très efficace de rétribuer ou de récompenser quelqu’un pour un travail, un service ou n’importe quelle autre occasion. Lorsque notre mamy-gâteau nous donnait une pièce en nous disant « Va t’acheter des bonbons », elle exploitait au mieux le concept d’argent : nous pouvions en effet décider d’acheter des bonbons, un jouet ou économiser pour un nouveau vélo. Bref, nous étions libres.

À ce titre, l’argent est extrêmement libérateur. C’est également un merveilleux incitant si on estime que quelqu’un est rémunéré à hauteur de son talent. Un artiste va essayer de faire une très belle œuvre, un travailleur va faire de son mieux si il a des envies qui nécessitent de l’argent. Au contraire, une personne peut décider de travailler moins. C’est pour cette raison que je soutiens particulièrement des solutions comme Flattr : elles permettent d’offrir de l’argent à ceux dont nous apprécions le contenu.

Ici, la moitié de mes lecteurs bondiront sur leur chaise en me traitant d’ultra-capitaliste et m’enverront des photos d’enfants qui meurent de faim avec des mouches collées sur les yeux pour me prouver combien je suis ignoble, combien l’argent pervertit tout.

Mais le problème, ce n’est pas l’argent : c’est le fait que la manière la plus simple de gagner de l’argent est… d’avoir de l’argent.

Tant que l’argent est un incitant à produire quelque chose d’utile à la société, il est bénéfique. Aujourd’hui, il n’est malheureusement plus possible de devenir réellement riche par son travail. Toutes les grosses fortunes se basent sur la spéculation, la bourse et tous ces outils financiers qui permettent de gagner beaucoup d’argent sans avoir la moindre utilité vis-à-vis de la société.

Le capitalisme s’est toujours réfugié sous la notion de « risque » pris par les investisseurs. Le bénéfice serait donc une récompense sur la prise de risque. Le fait qu’une prise de risque puisse être rémunérée est sujet à discussion. Mais prenons-le comme acquis.

Si je participe, avec mille personnes, à une loterie dont le premier prix est la cagnotte globale, ma chance de gagner est de une sur mille et mon gain est de mille fois ma mise. On constate donc que mon gain est directement proportionnel à mon risque, ce qui semble intuitivement juste et se pratique dans les casinos ou sur les champs de courses.

Mais si la cagnotte est augmentée via l’argent issu du travail d’autres personnes, si plusieurs tickets sont marqués gagnants à un certain degré, mon gain augmente et mon risque diminue. Mieux : grâce à des algorithmes très puissants et très rapides, je peux déterminer quels sont les tickets les plus gagnants et les acheter/revendre en une fraction de seconde. À ce stade, mon risque devient virtuellement nul pour peu que j’aie assez d’argent pour spéculer dans plusieurs loteries à la fois.

Plus on a d’argent, plus il est facile d’en gagner sans rien faire d’utile.

L’expression « faire travailler son argent » signifie, en réalité, faire travailler ceux qui remplissent la cagnotte pour laquelle je me suis contenté d’acheter un ticket.

Ce simple constat augure d’une crise très profonde au sein de la société. Les riches ne peuvent que devenir plus riches. C’est mécanique, inéluctable dès qu’ils passent le stade où ils sont en mesure de payer des financiers compétents pour s’occuper de leur patrimoine.

Réfléchissons une seconde : qu’ont fait pour nous ces investisseurs, ces traders, ces financiers, ces géants bancaires ? En quoi nous sont-ils utiles ? Trouvons-nous normal qu’ils gagnent des milliers de fois plus que tout les services qui nous sont utiles ou agréables au quotidien ?

Mais même à court terme, l’effet financier est délétère. En effet, les acheteurs du ticket de loterie certifié gagnant exige toujours plus de cagnotte, toujours plus de gain. Cette vision à très court terme empêche toute stratégie, tout développement correct. À tel point que des entreprises géantes, comme Dell, annoncent se retirer de la bourse.

L’idée commence à faire son chemin : la bourse est un instrument devenu tout à fait nuisible qu’il faut supprimer.

Cela vous semble absurde ? Impossible ? Exagéré ? C’était également le cas pour les brevets il y a quelques années. Pourtant, les esprits changent.

L’argent est un magnifique outil pour récompenser ceux qui nous sont utiles et qui nous font plaisir. Tentons tout simplement de leur faire parvenir directement cet argent, sous forme deFlattr, de bitcoins, de dons, de paiements directs tout en évitant autant que possible la nuée de sangsues qui n’ont rien fait pour nous si ce n’est acheter un ticket le loterie…

>>> Source sur : http://ploum.net/post/le-probleme-avec-largent

La conséquence inattendue du libre : la politique

La conséquence inattendue du libre : la politique

Dernièrement, j’ai partagé avec vous trois éléments que je trouve cruciaux pour l’informatique de demain et qui, je pense, ont été très mal négociés par le monde du logiciel libre. Tellement mal négociés que je doute que le logiciel libre puisse jamais rattraper son retard. Il s’agit de l’expérience utilisateur, de la décentralisation et du respect de la vie privée.

À certains égards, les libristes comme moi font de plus en plus penser à une tribu de Papous vivant à l’écart, n’ayant que très peu de contacts avec le reste du monde. Ainsi, à l’heure où plus personne n’utilise Flash, le projet prioritaire de la Free Software Foundation reste l’implémentation d’un lecteur Flash libre. Le FOSDEM, grand messe des libristes, possède des salles réservées aux discussions des développeurs ADA ou Smalltalk mais aucune n’a pour sujet les réseaux sociaux libres ou HTML5 et Javascript.

Soyons réalistes : si le libre est partout, on cherchera à trouver plus d’une poignée de produit grand public et libres au sens de la FSF. Les plus grands succès du libre comme Android et, dans une moindre mesure, Ubuntu, sont rejetés des puristes.

Le libre devrait-il toujours s’associer avec le propriétaire pour réussir ? A-t-il donc échoué ? Est-il mort ? Faut-il renier toutes ces années ?

Non car, pour réussir, le propriétaire n’est-il pas désormais obligé de s’associer avec le libre ? Les deux ne sont-ils pas intrinsèquement liés ? La pureté est-elle essentielle au succès ?

Mais au-delà de l’informatique, le libre a étendu son influence dans un domaine où peu l’attendaient : la politique. Si le libre n’a pas su gérer techniquement la décentralisation et la vie privée, les idées sous-jacentes ont fait leur chemin dans la conscience collective. Au point d’envahir la place publique.

Dernièrement, les chemins de fer belges ont diffusé par accident les données personnelles de plus d’un million d’utilisateurs, prenant complètement au dépourvu une classe politique ne sachant même pas s’il s’agissait d’un fait grave ou pas. Ce sont les citoyens qui ont répondus les premiers, qui ont géré la crise et qui ont mis en place l’information nécessaire. Là où le libre n’a pas su apporter une solution technique, il a néanmoins préparé le terrain pour que les citoyens puissent faire face.

Si beaucoup de sociétés privées ne voient que le court terme ou le prix, de plus en plus d’administrations découvrent la nécessité de l’intéropérabilité et financent des projets comme LibreOffice. Le modèle même de collaboration du libre s’invite de plus en plus souvent au sein des collectivités, afin de mettre en commun les ressources comme on peut le voir notamment avec CommunesPlone.

Le libre n’a pas su tenir toutes ses promesses techniques. Mais il a finalement apporté beaucoup plus que de la technique. Il change le monde. Son influence se fait sentir dans les conférences et jusque dans les partis politiques existants (citons Ecolo en Belgique, chez qui c’est particulièrement visible). Cet univers libriste a même été le terreau d’un nouveau mouvement politique : le Parti Pirate.

Car si tous les libristes sont loin d’adhérer à la philosophie du Parti Pirate, force est de constater que celui-ci rejoint souvent les préoccupations du libre : liberté individuelle, respect de la vie privée et transparence de la politique, le code source de notre société. À tel point que beaucoup de pirates passent au logiciel libre suite à leur engagement politique !

On pourrait y voir une idéologie libriste à l’œuvre. J’y vois surtout un pragmatisme. Une génération a découvert, à travers tous les projets libres, les bienfaits de la collaboration à l’échelle planétaire, l’efficacité de la gestion transparente. Une génération biberonnée à la mixité culturelle, maternée au débat technique et à la remise en question permanente sans a priori de race, de sexe, d’apparence physique.

Cette génération qui ouvre les yeux et qui se dit : « Si on a réussi à le faire pour des projets techniquement ultra-complexes, pourquoi est-ce que cela ne marcherait pas avec la gestion de la chose publique ? ».

Peut-être que la plus grande conséquence du libre n’est pas à chercher dans les milliards de lignes de code ni dans les millions de pages Wikipédia mais là, parmi ceux qui, ayant fait l’expérience de l’ouverture, de la transparence et de l’égalité ne peuvent plus concevoir un état obscur, complexe et trop souvent inique.

Peut-être que le libre est avant tout un modèle de société, une école de vie.

>>> Source : http://ploum.net/post/la-consequence-inattendue-du-libre-la-politique

>>> Licence : Creative Commons License
The La conséquence inattendue du libre : la politique by Lionel Dricot, unless otherwise expressly stated, is licensed under a Creative Commons Attribution 2.0 Belgium License.

Et si on comptait les votes blancs ?

Et si on comptait les votes blancs ?

L'hémicycle

Vous avez peut-être déjà entendu parler de l’initiative Le Message d’Étienne Chouard. Pour faire bref, Étienne Chouard y démontre que le vote n’est pas démocratique et qu’au contraire il confisque le pouvoir au profit d’une minorité. De plus, une campagne électorale met en valeur ceux qui sont riches et bons communicateurs, qualités des moins importantes en regard de la fonction briguée.

Je ne peux que partager cette analyse, en ayant moi-même fait l’expérience.

Une solution serait de réécrire la constitution pour instituer le tirage au sort des représentants du peuple. La majorité des objections qu’on pourrait avoir face à ce système ont été levées par Étienne Chouard lors de ses multiples conférences. En théorie, je trouve l’idée séduisante.

Mais en pratique ? Il faudrait une majorité de citoyens pour soutenir l’idée afin de réécrire la constitution ? Irréaliste. Il faudrait que des politiciens élus traditionnellement renoncent à tout leurs acquis pour changer la loi ? C’est presqu’un coup d’état ! De plus, si un tel changement s’avère une mauvaise chose, le retour en arrière sera vraiment difficile.

Mais un pirate, Nico , a eu une idée génie : pourquoi ne pas tout simplement donner des sièges aux votes blancs. Et ces sièges seraient assignés à des personnes tirées au sort.

Plutôt que de militer pour un changement de constitution, Étienne Chouard et consort pourraient militer pour voter blanc. De plus, ce ne pourrait qu’être bénéfique pour la représentation démocratique : au conseil communal ou au parlement siégeraient d’illustres inconnus comme vous et moi, sans électorat.

Mais si un extrémiste pédophile nazi téléchargeur de mp3 est tiré au sort ?

Si les votes blancs n’ont qu’un siège, cette personne sera seule au sein de l’assemblée. Plus les votes blancs auront des sièges plus, statistiquement, les représentants tirés au sort représenteront les diverses franges de la population.

Rappelons que, contrairement à des élus traditionnels, il n’y aura pas de parti, pas de coalition.

Quelqu’un tiré au sort peut-il rejoindre une coalition ?

Pourquoi pas ? Une personne votant blanc sait à quoi elle s’engage : un résultat aléatoire. Si vous tenez absolument à ce que les jaunes ne soient pas dans la majorité, votez mauve, pas blanc.

D’ailleurs, les partis traditionnels feront sans doute les yeux doux aux tirés au sort. Mais c’est, au final, un mauvais calcul : les personnes tirées au sort ne siègent pas pour leurs qualités intrinsèques. Elles n’ont pas un électorat. Si elles devaient se révéler populaires et continuer une carrière politique dans un parti, ce serait justement positif : une personne fraîche, issue de la société civile et non pas un apparatchik.

Faut-il prendre en compte l’abstention dans les votes blancs ?

Bonne question. Par honnêteté intellectuelle, je dirais que non, surtout dans un premier temps. Mais, le temps passant, ce serait une bonne chose. Soit cela encouragerait les gens à aller voter, ce qui est positif, soit cela renforcerait le quota de personnes tirées au sort, ce qui est également souhaitable.

Et si on est contre ?

Et bien il reste la possibilité de ne pas voter blanc, tout simplement.

Je ne me suis pas penché en détail sur tout l’argumentaire. Je vous invite à poster dans les commentaires des liens pertinents pour ou contre le tirage au sort. Je serais curieux d’avoir l’avis des spécialistes sur les sujet.

>>> Source sur : http://ploum.net/post/si-comptait-les-votes-blancs

>>> Photo par Sylke Ibach