Université d’été du Revenu de Base


Université d’été du Revenu de Base

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Cet été a eu lieu la première université d’été du revenu de base (extraits choisis).

La première université d’été du revenu de base, qui s’est tenue près de Périgueux du 21 au 23 août 2014, a permis de rapprocher les différents courants qui militent pour le revenu de base et de faire grandir le Mouvement Français pour un Revenu de Base (MFRB). Retour sur les moments forts de ces trois jours.

Fruit d’un travail de plusieurs mois, la première université d’été du revenu de base fut un succès, ayant réuni près de 600 participants, dont une quarantaine d’intervenants et une cinquantaine de bénévoles.

Un programme pour tous les goûts

Au total, 7 conférences plénières, 2 ‘conférences gesticulées’, une avant-première et plus de 25 ateliers ont constitué le programme de réflexion de cette riche université. Création monétaire, métamorphoses du travail, féminisme, décroissance, expérimentations, écologie, technologie, financement, économie collaborative, agriculture, démocratie… de nombreuses problématiques ont été abordées et développées par les différents intervenants… et les participants !

« La crise économique est issue, notamment en France, d’une incapacité à s’adapter à des réalités. On continue à alimenter un système qui fonctionne mal et qui ne sert pas la démocratie. Ceux qui souffrent le plus de ce système, ce sont ceux que l’on entend le moins » — Michel Meunier.

Les temps forts de ces 3 journées :

  1. la première conférence plénière était dédiée à la critique de certains points de vue féministes sur le revenu universel. Un défi relevé avec brio par Agnès Maillard et Carole Fabre, activiste pour un revenu de base et initiatrice de la pétition pour un revenu de vie, qui ont su développer, sous forme de dialogue, les arguments féministes pour et contre le revenu de base sur les plans historique, philosophique et pratique. Des réflexions qui invitent également à remettre en question notre approche de la structure familiale.
  2. La première soirée de cette université a ensuite été consacrée à la présentation officielle du nouveau film de Michaël le Sauce, « Un revenu pour la vie », en présence du réalisateur et de plusieurs intervenants du film. « Parler d’un revenu de base, c’est envisager de s’autoriser à rêver ».
  3. Le moment phare de la deuxième journée — certainement la plus chargée — fut la plénière intitulée « Les sept péchés du système socio-fiscal français », avec Marc de Basquiat, expert de l’approche fiscaliste du revenu de base et auteur d’une thèse en économie sur le sujet (Vous pouvez en retrouver la démonstration sur ce lien).
  4. Cette conférence a été suivie d’un atelier très prisé dédié au financement du revenu de base axé sur la présentation des propositions développées par Marc de Basquiat, dont vous pouvez retrouver la présentation ici.
  5. Et si nous écrivions nous-même notre revenu de base ? Après une nouvelle session d’ateliers, tous les participants se sont réunis dans l’auditorium pour deux plénières. La rencontre avec Étienne Chouard, penseur très prolifique sur les questions de démocratie, était particulièrement attendue. Sans se considérer comme expert de cette question, Étienne Chouard sympathise avec les idées de revenus inconditionnels déconnectés de l’emploi, qu’il qualifie même de «bombe atomique contre notre dépendance à la monnaie ». Étienne Chouard est donc venu nous proposer une démarche innovante lors d’un atelier constituant, dont l’objectif a été d’écrire nous-même des textes de lois qui garantiront un revenu de base à tous les citoyens dans la Constitution. Un atelier très suivi qui a permis aux participants de se réapproprier le pouvoir d’écrire les lois et de créer eux-mêmes les conditions de l’instauration d’un revenu de base inconditionnel.
  6. Créer nous-même notre revenu de base, c’était aussi l’objet de l’atelier de présentation de la Théorie Relative de la Monnaie avec Stéphane Laborde que vous pouvez visionner ici.
  7. Le revenu de base comme alternative à l’exploitation des internautes. La deuxième plénière du vendredi 22 août a permis d’aborder l’idée d’un revenu de base par un tout autre chemin : celui de l’évolution technologique, du développement des réseaux sociaux, de l’agrégation des données personnelles et de leur exploitation par les entreprises commerciales.
  8. Pour clôturer en beauté cette journée déjà bien dense, Alexis Lecointe, du collectif « Les Zooms Verts », a présenté en avant-première sa conférence gesticulée sur le thème « Travail libre, revenus de base et autres rêvolutions ».
  9. La troisième et dernière journée a été marquée par une conférence dite de « convergence » dont l’objectif, après avoir débattu pendant 2 jours et demi, a été de tenter d’identifier les points d’accord ou de désaccord entre les différents courants du revenu de base. Un exercice difficile, voire impossible ? Ainsi, Vincent Liégey a tenu à rappeler que « le revenu de base n’est pas une simple question comptable », mais une ouverture sur une société basée sur une économie radicalement différente : plus locale, respectueuse de l’environnement, déconnectée du pouvoir de l’argent. Frédéric Bosqué, bien que fervent défenseur d’un revenu de base suffisant pour vivre, a renchéri en déclarant qu’il soutiendrait un projet de loi qui instaurerait un revenu de base inconditionnel même à 1€ par mois, car il constituerait un premier pas vers un changement de paradigme. Le philosophe Jean Zin a également tenu à affirmer l’urgence sociale du revenu de base, tout en soulignant l’impossibilité politique d’obtenir — à l’heure actuelle — un revenu de base « suffisant ». Autrement dit, il faut relativiser l’importance du montant du revenu de base, et travailler à intégrer le revenu de base dans des projets de société cohérents et progressistes. Ainsi Marc de Basquiat a tenu à réaffirmer son attachement aux acquis sociaux de l’après guerre, et a appelé le MFRB à intégrer dans sa charte la volonté de ne pas les remettre en cause.
  10. Après ce beau moment d’unité pour le Mouvement Français pour un Revenu de Base, dont la démarche transpartisane est l’une des clés de voûte, l’auditorium a laissé la place à Gérard Foucher pour sa conférence gesticulée « Les secrets de la monnaie ». Une conférence très suivie et appréciée, dans laquelle il a expliqué les ressorts de la création monétaire et l’urgence de réformer le système monétaire, pour conduire à la mise en place d’un revenu de base pour tous.

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Voici à toutes fins utiles une petite série de 4 vidéos expliquant ce qu’est le revenu de base, ou cette page sur wikipédia :

« Le revenu de base est un revenu versé par une communauté politique à tous ses membres, sur une base individuelle, sans conditions de ressources ni obligation de travail, selon la définition du Basic Income Earth Network (BIEN). Il reconnaît la participation de l’individu pour la société, indépendamment de la mesure de l’emploi. »

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Après une première BD réalisée par Hélène Pouille dans les dernières semaines de l’initiative citoyenne européenne, voici une seconde très belle réalisation publiée en deux parties sur le blog Nepsie.fr, et sous licence libre creative commons qui vous autorise explicitement à réutiliser l’œuvre à condition de ne pas la modifier, de ne pas en faire un usage commercial, et évidemment, de citer l’auteur !

Dans cette bande dessinée, Nepsie part du rapport au travail (planche 1) puis présente une série de solutions telles que la baisse du temps de travail, le salaire à vie et le revenu de base (planche 2), solution qu’elle détaille davantage.

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Pour finir ce billet, je souhaitais partager cet hommage à un grand économiste malheureusement décédé il y a peu de temps : Yoland Bresson.

« Yoland Bresson, économiste précurseur du revenu d’existence en France, s’est éteint pendant l’été. Nous tenons à lui rendre hommage pour l’infatiguable combat qu’il aura mené pour faire avancer l’idée, en France et dans le monde. »

« Yoland était présent lors de l’assemblée fondatrice du BIEN à Louvains la Neuve en 1986. Il était l’organisateur principal du Congrès du BIEN à Paris St Maur en 1992. Et il est resté au cours de ces 30 années un fidèle compagnon de pensée et de combat. Comme d’autres avant et après lui, il sera mort sans avoir vu la réalisation d’une proposition à laquelle il n’a cessé de croire. Si cependant, dans son pays comme ailleurs, elle finira par se réaliser, ce sera à lui et à des personnalités comme la sienne qu’elle le devra. » — Philippe van Parijs.

Logo de l’association

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>>> Sources & plus d’infos sur :

Tout va de travers…

Tout va de travers …

… ou Rien ne va plus

dans la société actuelle !

Je me trompe peut-être, mais j’ai comme l’impression que la société dans son ensemble est en train de dérailler (dans beaucoup de domaines, comme par exemple : la politique, le découpage territoriale, l’économie, l’emploi, la famille, l’éducation, l’informatique & internet, les libertés … et j’en oubli !)

Que faire ?

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Je n’ai pas de solution miracle afin que tout ailles pour le mieux, mais si vous me lisez régulièrement, vous entrevoyez déjà quelques pistes de réflexions dans divers domaines qui sont susceptibles d’orienter la société vers de meilleures voies (enfin, je l’espère).

J’espère que notre gouvernement saura prendre les dispositions urgentes adéquates avant qu’il ne soit trop tard & qu’il montrera ainsi le chemin à suivre aux autres gouvernements de la planète …

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Déclaration Fondamentale des jeunes pour la paix

Déclaration Fondamentale des jeunes pour la paix

 

Pour débuter la nouvelle année, je vous invite à prendre connaissance de la Déclaration Fondamentale des jeunes pour la paix :


« 1. Les Jeunes pour la Paix rêvent d’un autre monde, un monde devenu VILLAGE PLANÉTAIRE  où il serait impossible d’ignorer ce qui se passe à l’autre bout ;
                     
2. un monde où les hommes et les femmes auraient le droit de vivre et d’élever leurs enfants dans la dignité, à l’abri de la faim et sans craindre la violence, l’injustice ou le chômage ;
                     
3. un monde où la nature serait respectée et où les richesses de la planète seraient réparties entre les habitants de telle sorte que les plus pauvres pourraient vivre avec le minimum vital ;
                     
4. un monde où les Hommes apprendraient à vivre ensemble, avec leurs différences d’opinions politiques, philosophiques ou religieuses, de culture ou de langue et où les différences ne seraient pas redoutées mais vénérées en tant que bien précieux de l’humanité ;
                     
5. un monde où les valeurs de fraternité, de solidarité, de tolérance et de responsabilité auraient une importance très supérieure à celles de l’argent, des richesses matérielles et de la position sociale ;
                     
6. un monde où tous les Hommes prendraient conscience qu’ils sont membres d’une même famille, la famille humaine.
Cet autre monde est possible : il suffit de vouloir le changement pour mieux vivre ensemble. Alors, agissons «  les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. » »

 

Cette déclaration a été écrite par des jeunes collégiens de l’association… Elle essaye de répondre à la question : « de quel monde rêvons-nous? » … Les idées exposées dans ce texte (qui peut encore évoluer) contribuent à bâtir le monde, à ce que les hommes agissent les uns envers les autres dans un esprit de fraternité, à ce que notre monde soit toujours plus humain et plus juste…

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« Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes,

c’est dans l’esprit des hommes

que doivent être élevées les défenses de la paix. »

Acte constitutif de l’UNESCO, 1946

« Être homme c’est précisément ÊTRE RESPONSABLE.

C’est sentir, en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde. »

Saint-Exupéry

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Je voudrais vous laisser un message de paix pour débuter cette nouvelle année … en espérant qu’elle soit meilleure que la précédente. Il y a tant de guerres dans le monde & pour des raisons bien souvent  » stupides  » … Il y a tant de victimes innocentes qui se trouvaient juste malheureusement au mauvais endroit au mauvais moment …

L’unique chemin vers la paix est celui du dialogue pour que cessent tous ces affrontements & ces conflits car  » la paix est un bien qui dépasse toute barrière, parce qu’elle est un bien de toute l’humanité « .

Tout cela me rappelle le message du Pape François lors de l’Angélus du 1er septembre dernier :

« Chers frères et sœurs, je voudrais me faire aujourd’hui l’interprète du cri qui monte de toutes les parties de la terre, de tous les peuples, du cœur de chacun, de l’unique grande famille qu’est l’humanité, avec une angoisse croissante : c’est le cri de la paix ! Et le cri qui dit avec force : nous voulons un monde de paix, nous voulons être des hommes et des femmes de paix, nous voulons que dans notre société déchirée par les divisions et les conflits, explose la paix ; plus jamais la guerre ! Plus jamais la guerre ! La paix est un don éminemment précieux, qui doit être promu et préservé.« 

 

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>>> Voici à toutes fins utile quelques liens « bonus » :

>>> Sources & plus d’infos sur :

L’aliénation du plein emploi

L’aliénation du plein emploi

L’aliénation du plein emploi

Asseyez-vous une seconde et mettez-vous dans la peau du bambin rêveur que vous fûtes. Tentez d’imaginer le futur avec vos yeux d’enfants. Un avenir où les machines, les robots se chargeraient de toutes les tâches que nous trouvons déplaisantes. Un monde où chacun pourrait se concentrer sur l’amélioration du bien commun, à commencer par lui-même. Un univers où nous consacrerions son temps à l’éducation, aux activités artistiques, sociales et culturelles voire, tout simplement, au plaisir de vivre.

Techniquement, tout cela semble aujourd’hui possible. La preuve: le monde est plus riche que jamais. Et nous progressons sur cette voie: il y a de moins en moins de travail ! Sans compter l’immense majorité des emplois qui pourraient être rationalisés. Merveilleux !

Mais alors…

À quel moment nous sommes-nous fourvoyés jusqu’à élire des dirigeants qui nous promettent de « créer du travail » ? À partir de quand sommes-nous devenus mentalement dégénérés au point de considérer le mot « plein emploi » comme un idéal plutôt qu’une insulte au progrès et à la modernité ? Par quelle perversion totale de l’esprit en arrivons-nous à accuser les artistes de rue, les créateurs peu reconnus ou les personnes qui se consacrent à leur famille de ne pas avoir « un vrai travail » ? Pourquoi ce qui est une utopie pour nos yeux d’enfant se révèle-t-il, soudainement, « une crise » contre laquelle nous luttons de toutes nos forces ?

Peut-être est-il temps de réaliser que la crise, la vraie, nous l’avons nous même amorcée en acclamant ceux qui nous promettaient de nous faire travailler, en nous glorifiant de passer d’inutiles heures en cravate dans un cube grisâtre, en stigmatisant ceux qui avait l’air de souffrir différemment voire, infamie suprême, d’être heureux sans se tuer à la tâche !

Quelles que soient les méthodes invoquées, je suis désormais convaincu que les slogans de « relance », « relocalisation », «reprise économique » ne sont que des pierres pour nous enfoncer encore plus profondément. Asservi par des siècles de travail, l’homme a peur de cette nouvelle liberté qui s’offre à lui. Il lutte pour renforcer ses propres chaînes. La solution viendra de ceux qui auront le courage de monter au front politique en disant « Il y a encore trop de travail, nous allons en supprimer autant que possible ! »

La panique résultant de la soudaine ouverture de notre cage millénaire n’est-elle pas dangereuse ? Ne risque-t-elle pas d’avoir des effets négatifs ? Peut-être. Mais doit-on pour autant garder la cage définitivement fermée ? N’avons-nous pas le devoir, nous, première génération disposant de la clé, de faire grandir nos descendants loin de cette oppressante prison ?

 

Concrètement, je vous invite à lire pourquoi la création de l’emploi est nuisible et pourquoi vous êtes, sans peut-être le savoir, en faveur du revenu de base. Nous disposons aujourd’hui d’une occasion unique de mettre le revenu de base sur la table politique de la commission européenne. Pour cela, je vous invite à signer l’initiative européenne en faveur du revenu de base (vos données personnelles sont nécessaires pour la validité du processus et stockées sur un serveur officiel de la commission européenne, aucun danger de récupération commerciale), à parler autour de vous du revenu de base et à soutenir la campagne de financement nécessaire pour obtenir le million de signatures requis. Merci ! 

>>> Source sur : http://ploum.net/lalienation-du-plein-emploi/

>>> L’image d’illustration est de Chris Brown.

>>> Licence : Creative Commons License

>>> Auteur : Lionel Dricot

>>> Sur le même sujet, je vous invite à lire : http://jcfrog.com/blog/je-serais-tellement-plus-utile-au-chomage-emploi-hasbeen/

Creusez un trou et rebouchez-le ensuite

Creusez un trou et rebouchez-le ensuite

Creusez un trou et rebouchez-le ensuite

Chère politicienne, cher politicien,

Si vous avez reçu une copie de ce texte, c’est probablement parce que vous avez tenté de justifier votre position ou votre action avec l’argument « Cela préserve des emplois ».

Je suis désolé pour vous mais vous avez atteint sans le savoir le point « Creusez un trou et rebouchez-le ensuite » (Backyard Digging Point). Ce n’est pas catastrophique, vous n’êtes pas le premier ni le dernier dans cette situation. Mais prenons le temps d’étudier pourquoi cet argument est invalide et, pire, potentiellement dangereux.

Un travail est un service rendu par un fournisseur à un client en échange d’argent (ou de tout autre moyen de paiement). Le travail existe tant que le prix demandé par le fournisseur est inférieur à celui que veut bien payer le client. Si le client n’est pas d’accord, le fournisseur doit soit baisser son prix, soit offrir plus voire changer complètement son business.

Combien me paierez-vous pour creuser un trou dans votre jardin et le reboucher ensuite ? Cela me prendrait plusieurs heures de travail intense. J’estime donc que 200€ est un prix raisonnable. Allez, je veux bien descendre à 150€ mais c’est bien parce que c’est vous. Alors, êtes-vous d’accord ? Probablement pas. Je dois sans doute considérer qu’un travail pour lequel personne ne veut payer est en fait inutile.

Le monde évolue et la société change. Les business sont comme les yaourts: même les meilleurs périment et deviennent désuets. Les entreprises doivent alors effectuer des changements radicaux, ce qui peut se révéler très profitable. Ou elles peuvent tenter de s’attacher à leur paradigme et finir par disparaître. Cela arrive tous les jours, avec parfois quelques inévitables drames humains. Les vendeurs de glace ont été remplacés par des frigidaires, les porteurs d’eau par des robinets. Loin d’être une problématique politique, c’est tout simplement l’évolution.

En tant que politicien, vous êtes élu par le peuple. Vous avez le devoir, entre autres tâches, de vous assurer que l’état fournit certains services pour un prix inférieur à celui qu’il coûte réellement: l’éducation, les transports et vous en ajouterez bien d’autres à la liste en fonction de votre orientation politique. Les bénéfices des entreprises privées, par contre, ne vous regardent en rien. Si le service fournit par une entreprise est tellement critique, il faut se poser la question de le faire administrer par l’état, au nom des citoyens. Sinon, ce n’est pas votre problème.

Lorsqu’elles gagnent de l’argent, les grandes entreprises vont jusqu’à payer les politiciens pour qu’ils ne se mêlent pas des affaires. Mais dès qu’un danger guette leur rentabilité, elles ne se privent pas pour demander à « être protégées ». Vous êtes le représentant des citoyens, non des entreprises. À ce titre, vous ne devez pas rentrer dans ce jeu. Pourquoi ?

Premièrement parce qu’il est illusoire de réguler l’évolution.

Que cela vous plaise ou non, les changements contre lesquels vous luttez sont déjà présents. Plus vous vous y opposerez, plus la transition sera longue et douloureuse. Vous pouvez tenter de construire un mur au milieu d’une rivière mais, quoi que vous fassiez, l’eau finira bien par passer, inondant la rive. Si, au contraire de vouloir la bloquer, vous acceptez de vous mouiller et de vous adapter au flux, tout deviendra plus facile, naturel.

Deuxièmement parce que c’est une catastrophe économique

Préserver des emplois ou éviter des licenciements n’est jamais qu’une mesure temporaire, un garrot posé en urgence. Si le travail n’est pas rentable, rien ne permettra de le préserver. Vous investissez donc de l’argent et de l’énergie dans une cause perdue, un gouffre financier. Mais, en temps que politicien, ce n’est pas votre argent que vous jouez, c’est celui des citoyens. Vous avez donc la responsabilité d’investir afin d’en faire profiter tous les citoyens. Il est vrai que, à court terme, préserver temporairement quelques emplois peut vous faire gagner quelques voix aux prochaines élections. Est-ce que la réélection est votre unique ambition politique ?

Troisièmement parce que ce n’est pas éthique

Pensez-vous que nous aurions dû garder la peine de mort afin de ne pas mettre les bourreaux au chômage ? L’exemple vous semble tiré par les cheveux ? Pourtant nous n’en sommes guère loin lorsqu’on aborde la survie de notre planète. Pourquoi faut-il trouver un compromis entre l’économie et l’écologie ? Quel sens cela aura-t-il d’avoir une économie florissante si nous n’avons plus de planète ?

Finalement, en cherchant à « préserver l’emploi », vous allez à l’encontre de l’évolution de la société. Des nouvelles entreprises, des nouveaux marchés, des jeunes entrepreneurs sont directement affectés par vos tentatives désespérées de « préserver les emplois ». C’est aussi simple que ça: malgré toutes vos bonnes intentions, vous êtes en fait en train de détruire les opportunités d’emploi du futur. Des myriades de nouvelles entreprises sont mort-nées du fait de votre action.

Quatrièmement parce que cela complique la vie

Avec la technologie actuelle, l’administration et la paperasse sont oubliées. Ou du moins pourraient l’être. Avec quelques judicieux investissements, la plupart des procédures administratives pourraient être automatisées ou simplifiées à l’extrême. Le monde ne s’en porterait certainement pas plus mal. Mais, devinez quoi, nous craignons un monde plus simple. Nous complexifions à dessein afin de préserver le sacro-saint poste de « poseur de cachet sur formulaire certifié ».

C’est particulièrement visible dans les administrations publiques mais, croyez moi, les grandes entreprises ne s’en sortent pas toujours mieux. Le spectre Luddite de « la perte d’emploi » nous fait rejeter, sans même y réfléchir, tout ce qui pourrait nous simplifier la vie. « On a toujours fait comme ça » ou « Tout le monde fait comme ça » sont des pauvres excuses, non des justifications valables.

Enfin, parce que l’emploi n’est pas absolument nécessaire

À vous entendre, perdre son travail est la fin du monde. Or n’oublions pas que le travail n’est, au final, qu’une manière parmi d’autres d’obtenir un revenu et qu’avoir un revenu régulier n’est qu’une des nombreuses manières de vivre. Certains, rares, vivent parfaitement heureux sans revenu. D’autres, et ils sont nombreux, ont des revenus réguliers qui ne proviennent pas de leur travail. D’ailleurs, d’une manière générale, très peu de personnes riches tirent leurs revenus de leur travail actuel.

On entend parfois que les jeunes générations sont paresseuses car elles ne veulent pas travailler autant que leurs aînés. En fait, elles souhaitent tout simplement vivre plus. Pourquoi gâcheraient-elles leur temps à faire des choses qui pourraient être automatisées ? Bien sûr qu’elles ont de l’énergie à revendre mais seulement si vous leur proposez un travail qui est important, enrichissant. Non, creuser un trou et le reboucher n’est pas considéré comme enrichissant.

Backyard digging

Très souvent, des personnes bien intentionnées diront que tout le monde ne peut pas être un ingénieur ou un artiste, que nous devons également donner du travail à la population « stupide ». Comme si le monde pouvait être divisé en deux catégories, les ingénieurs et les stupides, incapables de faire quoi que ce soit qu’une machine ne puisse faire. Cette question revient très régulièrement sur le tapis depuis le début de la révolution industrielle mais, néanmoins, nous avons le potentiel d’être plus prospères que jamais. Malgré cela, certains politiciens travaillent d’arrache-pied à rendre obligatoire le fait de creuser des trous et de les reboucher ensuite, fiers de leur condescendance envers les « stupides ».

Conclusion

Cher représentant du peuple, à partir de maintenant, vous n’avez plus d’excuse. Chaque fois que vous direz « sauver des emplois », vous penserez « faire en sorte que les gens creusent des trous et les rebouchent ensuite ». Vous savez que toute action uniquement justifiée par la nécessité de « préserver l’emploi » est contre-productive. À la place, donnez aux citoyens plus de liberté, plus de temps, moins de paperasseries stupides et les emplois apparaîtront spontanément. Les gens ne sont pas stupides. Certes, ils peuvent le paraître lorsqu’on leur demande de faire des choses stupides comme creuser et reboucher des trous. Si nous arrêtons, nous avons les moyens de profiter du potentiel caché de toute une humanité. N’avez-vous jamais rêvé d’un monde où vous ne devriez jamais faire ce qui vous ennuie ?

Et, lorsqu’on y réfléchit, les « stupides » ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Comment appeler autrement ceux qui investissent dans une cause perdue d’avance ? N’oubliez jamais que, la technologie évoluant, Vous pourriez vous-même être remplacé par une solution plus performante. Le temps est compté, commençez dès maintenant à investir dans le futur !

>>> Photos par Chiot’s Run et Travis S.

>>> Source sur :  http://ploum.net/creusez-un-trou/

Après l’effort, le réconfort

Après l’effort, le réconfort

Nous ne devons pas avoir peur que l’automatisation nous prenne nos emplois, mais nous en réjouir. Si l’emploi disparaît, nous pourrons nous occuper de choses plus importantes: le travail choisi et du vrai temps libre !

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Les emplois ne disparaissent pas : plus de personnes sont employées qu’elles ne l’ont jamais été au cours de l’histoire. Mais la nature des emplois se modifie, et de nombreuses catégories d’emploi se délocalisent des pays riches vers les pays plus pauvres. Parmi les emplois disponibles, de plus en plus paient de moins en moins, de plus en plus sont précaires ou ne mènent nulle part, sur le plan professionnel, ceux qui les occupent.

La crise de l’emploi en Europe n’est pas liée à l’automatisation : si les progrès technologiques, dont l’automatisation, ont délocalisé certains emplois, d’autres ont également été créé. La crise est davantage la conséquence d’une transformation de l’économie mondiale.

Quand les néolibéraux ont mis la main sur l’orientation des politiques économiques et sociales, dans les années 1980, les politiques libérales ont ouvert un marché mondialisé. Presque du jour au lendemain, l’offre mondiale d’emploi a été multipliée par trois et plus d’un million de travailleurs chinois, indiens et autres sont rentrés en compétition avec les Européens et autres ressortissants des pays riches.

Au fur et à mesure que l’Europe assouplissait son marché du travail, et du même coup le rendait moins protecteur pour les nouvelles masses précaires, elle entraînait une pression à la baisse sur les salaires, les avantages salariaux des entreprises et les recettes publiques financées par le travail. Les gouvernements savaient que la libéralisation de l’économie creuserait les inégalités et aggraverait l’insécurité économique de millions d’actifs. Ils étaient face à deux voies possibles.

Ils auraient pû décider que ceux qui reçoivent un revenu du capital, issu des profits et des marchés financiers, qui sont les principaux bénéficiaires de la libéralisation, partageraient les recettes avec le reste de la société, ce qui aurait endigué l’émergence d’une plutocratie de milliardaires. Mais les gouvernements ont opté pour la signature d’un pari à la Faust avec leurs citoyens. Pour maquiller les revenu fléchissants, ils ont financé une orgie consumériste à coup de prêts à la consommation et crédits bon marché, de plans de soutien à l’emploi et de crédits d’impôts. Mais en 2008, la fête a pris fin, comme il se doit lorsque l’on signe un pacte avec le diable.

La suite de l’histoire ? La contestation sociale

Depuis , tous les pays nouvellement entrés dans l’ère de l’austérité ont effectué des coupes budgétaires à mettre votre voisin à la rue, coupant dans les salaires, les allocations et les protections sociales, chaque pays essayant d’être plus compétitif que les autres.

Pendant ce temps une grande convergence voit le jour, entre les marchés du travail des économies émergentes, où les salaires et revenus de solidarité augmentent, et les pays riches où le déclin des acquis sociaux s’accélère. Le salaire réel moyen en Europe, au japon et en Amérique du Nord ne reverra pas un niveau ne serait-ce que similaire à leur apogée. La situation de certains travailleurs va s’améliorer, mais le revenu moyen de la majorité va baisser.

pauvreteCette catégorie grandissante, le précariat, doit faire face à un avenir où les emplois ne rapporteront qu’un maigre salaire tandis que la rente du capital rapportera de plus en plus à ceux qui en possèdent. Et si les systèmes de sécurité sociale au sens large (mutuelles, avantages des comités d’entreprise, allocations d’État conditionnées au revenu), s’enfoncent dans leurs erreurs du XXième siecle, le précariat va se trouver confronté à une insécurité économique croissante. L’indignation s’étend, et des troubles sociaux vont suivres.

Il existe une alternative, cependant il faudra nous battre et admettre que la plupart d’entre nous risque de rejoindre le précariat ou de voir des proches ou des amis y tomber. Il faut refonder la protection sociale sur le principe que chacun a droit à une sécurité économique minimale, c’est-à-dire un revenu de base inconditionnel qui permette de survivre dignement. Il existe trois objections courantes à cette proposition.

Certains disent qu’on ne peut pas le financer ; c’est faux. On offre d’énormes subventions aux corporations, à la classe moyenne supérieure et à des groupes de pression, ce qui coûte bien plus cher que d’offrir à tous un revenu de base mensuel. De plus, après le crash financier, les États ont offert des milliards pour sauver les banques, permettant aux banquiers de reprendre leur mode de vie et d’activité dépensier. Ils auraient pu plutôt octroyer à leurs citoyens un revenu mensuel modeste, ce qui aurait réveillé la croissance bien plus efficacement.

L’évolution vers un revenu de base devrait également s’accompagner de la création de fonds souverains sous contrôle démocratique, comme le Alaska Permanent Fund ou le Norwegian Fund. Les économies industrialisées deviennent des économies de rente (une grande partie de leurs revenus viennent de l’étranger), il faut donc un mécanisme pour rassembler certains des revenus du capital et des multinationales qui profitent des ressources rares dont elles ont le contrôle.

Moins de travail, plus de loisirs

Certains détracteurs du revenu de base disent qu’il offrirait aux gens “quelque chose pour rien”. C’est de l’hypocrisie : les riches reçoivent quelque chose pour rien chaque fois qu’ils héritent. Beaucoup de gens ont construit leur succès, non par leurs compétences extraordinaires, mais parce que les politiques mises en place successivement ont offert des récompenses astronomiques pour certains types de compétences.

Il existe aussi une réponse éthique à cette objection, provenant des réflexions de Thomas Paine. La richesse de la société dépend bien plus des contributions apportées par nos ancêtres que de ce que nous faisons nous-mêmes, mais l’on ne peut pas dire quels sont les ancêtres qui ont contribué en quoi : mes ancêtres ou ceux de mon voisin ? En tant qu’héritiers, il serait juste que nous recevions tous une part des bénéfices de leur investissement collectif : une sorte de dividende socialisé.

Des critiques disent qu’un revenu de base favoriserait la paresse. C’est une insulte à l’Humanité : presque tout le monde veut s’améliorer et ne se contenterait pas d’un revenu de base, et s’il y avait quelques oisifs, cela ne ferait rien. En effet cela coûterait plus de les identifier et de les forcer à travailler que de les laisser vivre.

Des psychologues ont montré que ceux et celles qui jouissent d’une sécurité de base sont plus altruistes, plus tolérants et plus productifs.

Un revenu de base nous permettrait de voir venir, ce que nous ne pouvons faire aujourd’hui. Il nous permettrait de donner plus d’importance et de respect au travail reproductif, qui pâtit aujourd’hui de la recherche d’emplois rémunérés. Aristote arguait que pour être civilisés, nous avons besoin d’aergia, de paresse, pour réfléchir, délibérer et prendre part à la vie politique. Nous avons également besoin de plus de temps pour nous occuper des autres, de notre communauté et de notre environnement.

Donc en deux mots : moins de travail, plus d’activité choisie et plus de vrai temps libre ! Le revenu de base permettrait d’accomplir ces objectifs.

Guy Standing


>>> Tribune de Guy Standing publiée en anglais sur The European Magazine.

>>> Crédit images: PaternitéPartage selon les Conditions Initiales liber(the poet) ; PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales yXeLLe ~@rtBrut~

>>> Traduction de l’anglais par Noélie Buisson-Descombes

>>> Source sur : http://revenudebase.info/2013/09/moins-de-travail-plus-de-temps-libre/

Pourquoi vous êtes, sans le savoir, favorable au revenu de base

Pourquoi vous êtes, sans le savoir, favorable au revenu de base

Pourquoi vous êtes, sans le savoir, favorable au revenu de base

Pensez-vous qu’il soit acceptable de laisser un humain mourir de faim ? À l’heure où l’humanité produit plus de richesses que jamais, je suis convaincu que la société se doit d’être solidaire avec ceux qui sont dans la difficulté. Le degré d’aide que la communauté doit apporter à ses déshérités varie certainement selon votre opinion politique ou philosophique mais nous pouvons certainement nous entendre sur un socle commun. Un minimum auquel chaque être humain doit avoir droit, quelles que soient les difficultés auxquelles il est confronté : de la nourriture, un logement, des vêtements. J’entends les geeks du fond crier « Et un accès Internet ».

Dans le pays où je vis, cette solidarité existe principalement sous la forme du chômage. Il est en effet considéré comme acquis que le seul moyen de subvenir à son existence est de travailler. Ceux qui ne travaillent pas n’ont pas de salaire et l’état leur fournit un remplacement, du moins s’ils prouvent qu’ils aimeraient travailler.

Le problème du chômage

Le chômage pose un problème fondamental qui est emblématique de notre société. Imaginons une personne qui, dans sa situation, peut obtenir un chômage de 1000 €. Cette même personne trouve un travail qui lui permet de gagner 1500 € par mois. Pour le travailleur, la différence entre le travail et le chômage est donc de 500 €. En vérité, elle n’est donc pas payée 1500 € mais bien 500 €. C’est en tout cas sa perception.

De l’autre, nous avons l’entreprise qui emploie cette personne. Afin de payer 1500 € par mois à l’employé, elle doit verser un salaire brut de 2500 €. Sans compter les lois sociales, les charges patronales, les assurances. Au total, l’entreprise paie donc 4000 €. Comme l’employé coûte également au quotidien (remboursements de frais, café, chauffage, électricité, eau), l’entreprise ne l’emploie que si son travail rapporte au moins 5000 € par mois.

Je simplifie mais l’échelle de grandeur est plus ou moins exacte : l’employé va produire 5000 € de travail mais n’en verra que… 500€ ! Si l’employé désire travailler à temps partiel, par exemple pour se consacrer à sa famille, il risque de toucher moins que le chômage à temps plein (situation réelle que je tiens de première main). Pour le patron, c’est encore pire vu que pour obtenir de l’employé la moitié du travail, il va devoir payer près de deux tiers d’un salaire normal. Ce n’est pas étonnant que le temps partiel soit si peu répandu !

Au total, l’employé et l’entreprise sont tous deux perdants. Mais qui est le gagnant ? Le gagnant est tout simplement l’État qui grossit et qui consomme une énorme quantité d’argent pour… mettre en place des administrations afin de vérifier qu’une personne a bien remplit les quinze formulaires qui prouvent qu’elle bénéficie du chômage. Une administration où l’on emploie des milliers de personnes pour tenter de faire trouver du travail à quelques autres. En désespoir de cause, on proposera aux chômeurs qui ne trouvent rien depuis des années de… devenir formateurs dans la recherche d’emploi auprès des autres chômeurs (situation réelle que je tiens de première main).

Le chômage remplit-il ses objectifs ?

Bref, une solution loin d’être idéale mais peut-être est-elle au moins efficace ? Pas vraiment… L’administration est tellement complexe que certaines personnes dans des situations précaires se voient exclure du chômage. D’autres s’en sortent tellement bien dans les rouages qu’ils touchent l’argent et vont vivre confortablement une partie du temps dans un pays où la vie est moins chère tout en respectant scrupuleusement la loi et les règles (situation réelle que je tiens de première main).

Les chômeurs sont donc stigmatisés en « profiteurs ». Comment pourrait-il en être autrement, ils gagnent à peine moins qu’un employé de supermarché qui travaille neuf à dix heures par jour et rentre chez lui exténué ?

Or le travail se fait rare. Pourquoi devrait-on en créer ? N’est-ce pas un succès de l’humanité que d’arriver à diminuer le travail ? Le chômage pousse à la création d’un travail artificiel, il encourage le creusage/rebouchage de trous, il permet à certains de jouer avec le système et exclut définitivement certains nécessiteux. Pire, pour certains travailleurs le chômage décourage d’entreprendre le moindre travail vu que travailler ne fait pas toujours gagner plus. Pire, il peut vous faire perdre vos allocations. Le postulat de départ d’être un outil pour fournir à chaque citoyen le minimum vital semble donc loin d’être atteint.

Simplifions le tout

Vous vous doutez bien que si je dénonce cette situation, c’est que j’ai une solution. Reprenons le problème initial : fournir à chaque citoyen le minimum vital. Eh bien voilà ! Elle est là la solution ! Il suffit de fournir à chaque citoyen un revenu minimal auquel il a droit quelle que soit sa situation. N’est-ce pas merveilleusement simple et élégant ?

Ce principe s’appelle le revenu de base ou revenu inconditionnel. Il est étudié et même recommandé par de nombreux économistes depuis des décennies. Il a l’immense mérite de simplifier notre vision de la société et de l’économie. Si, par exemple, le revenu de base est de 1000 € par mois, votre patron vous proposera un salaire de 500 € pour que vous ayez un total de 1500 €. Plus d’inégalités, plus de stigmatisation entre travailleurs et chômeurs. C’est également un grand promoteur du travail à temps partiel. Un mi-temps ? 250 € au lieu de 500 €, c’est parfaitement honnête, logique et compréhensible par tous.

Oui mais…

Je sais que l’idée fait peur. Après tout, elle chamboule des fondamentaux de notre société et notre éducation. Elle fait descendre le dieu travail de son piédestal.

Le coût, tout d’abord, semble très important pour l’État. Mais plusieurs simulations montrent que la simplification qui s’ensuivrait serait, au contraire, bénéfique (liens bienvenus). Imaginez en effet le nombre de primes, d’aides diverses, de revenus artificiels qui peuvent être supprimés si l’on postule un revenu de base ! Tout cela va de pair avec la réduction administrative. Beaucoup semblent également craindre l’arrêt total de l’économie car plus personne ne voudrait travailler.

Là, je vous arrête : le revenu de base est, comme son nom l’indique, une base. Demandez autour de vous qui serait prêt à arrêter de travailler et ne gagner qu’un revenu de base, c’est loin d’être la majorité. La diminution conséquente des salaires entrainera également les entreprises à embaucher plus facilement. Bref, cela relance notre économie.

Au final

Vous n’êtes toujours pas convaincu ? Réfléchissez sur le principe fondamental, imaginons que vous arriviez à mettre en place un chômage idéal qui n’exclut personne sauf les profiteurs qui n’en ont pas besoin. Cela parait utopique mais admettons.

Vous savez quoi ? Vous venez en fait de mettre en place l’équivalent d’un revenu de base. Un système ou tout le monde touche le minimum vital quoi qu’il arrive. Tout ce qu’on peut reprocher au revenu de base est, en fait, intrinsèque à tout système solidaire avec les plus nécessiteux.

Sauf que votre système est infiniment plus compliqué et plus coûteux. Il demande de mettre au travail une armée de personne (les fonctionnaires) qui sont payées par les impôts prélevés sur les salaires. Cela engendre donc un fort sentiment d’injustice auprès des travailleurs et cela plombe l’économie  à cause des charges salariales.

Le chômage, ou tout système de solidarité est, quand on y pense, une variation plus ou moins complexe autour du revenu de base. Si, comme moi, vous pensez qu’un être humain devrait avoir un toit et de quoi manger, vous êtes sans le savoir en faveur du revenu de base.

Il ne nous reste plus qu’à convaincre nos représentants.

Si vous êtes citoyen européen, prenez quelques secondes pour signer, c’est important et cela obligera le Parlement européen à débattre du revenu de base. Un million de signatures sont nécessaires et on est encore loin du compte. Faites suivre à vos amis, vos connaissances, sur les réseau sociaux. Par votre signature, vous ne vous engagez pas à soutenir le revenu de base : vous demandez juste à ce qu’il soit à l’ordre du jour du parlement européen. Même si cela vous parait utopique ou irréaliste, l’important est d’ouvrir le débat et d’élargir le champ des possibles.

>>> Photo par B.C. Ministry of Transportation and Infrastructure

>>> Source sur : http://ploum.net/pourquoi-vous-etes-sans-le-savoir-favorable-au-revenu-de-base/

Revenu de base : Revenu primaire ? pour quel montant ?

Le revenu de base est-il un revenu de solidarité ou un revenu primaire ?

Les prestations comme le RSA sont souvent comprises comme des revenus de solidarité destinés aux plus pauvres. Mais le revenu de base que nous appelons de nos vœux est-il vraiment de la même nature ? Carlo Vercellone et Jean-Eric Hyafil avancent les justifications du revenu de base comme « revenu primaire ».

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Puisque le revenu de base est pour nous un droit assurée par une société (un Etat) à destination de ses membres — au même titre que le droit à l’éducation, à la sécurité, au vote — dès lors le revenu de base ne saurait être entendu philosophiquement comme un revenu de solidarité, mais plutôt comme une « revenu primaire », nécessairement détaché de toute référence au travail salarié.

(…)

Pour autant, il nous faudra répondre à ceux qui pensent que le droit au revenu ne peut être dissocier du devoir de travailler. Et lorsqu’ils parlent de travail, ils pensent évidemment au travail qui donne lieu à rémunération, et donc principalement au travail-emploi au sens de André Gorz, et ils n’envisagent pas d’autres formes de travail qui pourraient ne pas donner lieu à rémunération. Quels sont les fondements économiques du revenu de base qui en font un revenu primaire ?

(…)

La redistribution de la rente associée à la monnaie

Enfin, pour un certain courant, le revenu de base est avant tout l’output d’une réappropriation citoyenne de la monnaie. Pour des auteurs comme Stéphane Laborde ou Gérard Foucher, le fait que la création monétaire se fasse actuellement uniquement par la distribution de crédits par les banques permet à ces dernières de s’octroyer une rente illégitime : l’intérêt sur de l’argent qu’ils ont créé. Ils proposent alors une forme de création monétaire qui serait à la fois plus juste et moins destabilisatrice, le dividende monétaire : il s’agit de créer la monnaie en la distribuant directement aux citoyens, plutôt que de compter sur les banques pour accroître la masse monétaire par le crédit.

Encore une fois, le revenu de base n’est non pas ici un revenu de solidarité, mais bien un revenu primaire, associé au bien commun que constitue la monnaie et à la répartition équitable du droit sur ce bien.

Le revenu de base est un revenu primaire : osons le défendre comme tel !

Le revenu de base, qu’il soit compris comme l’expression d’une répartition égalitaire de la rente associée à un patrimoine naturel commun, à un héritage industriel et scientifique ou à la création monétaire, ou encore comme la rémunération de nos activités productives qui ne peuvent s’inscrire dans le cadre restreignant du salariat, ne peut donc être compris comme un revenu de solidarité. Il est un revenu primaire et il faudra se battre dans les médias et dans l’opinion publique pour qu’il soit compris comme tel.

Quel montant pour le revenu de base ? Éléments pour un débat

Le montant du revenu de base est une question qui divise ses partisans et suscite un débat très vif. Jean-Éric Hyafil et Amaru MBape proposent un cadre d’analyse afin de débattre plus sereinement de ce sujet.

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André Gorz souhaitait un revenu de base suffisant pour vivre, ou plutôt suffisant pour « permettre de refuser [un] travail ou [des] conditions de travail « indignes » ou encore pour développer une activité autonome.

Un revenu de base respectant un tel critère de choix est intéressant à plusieurs titres. Il permet d’envisager une amélioration du rapport de force employeur/employé. Il met l’accent sur les notions d’autonomie et d’épanouissement comme fondements du sens donné au travail, et non sur la seule subsistance autorisée par un salaire. Il peut ainsi conduire au développement de modes de production alternatifs (auto-production, coopératives ouvrières et coopératives municipales, économie sociales et solidaire, économie collaborative…) et favoriser l’émergence d’une sphère de la gratuité et de la convivialité.

Cependant pour certains, un revenu de base trop élevé risquerait de ‘désorganiser’ notre économie. Mais au-delà de quel montant le revenu de base risque-t-il d’être destabilisateur ? Choisissant une approche pragmatique – sans négliger l’importance intrinsèque d’un revenu de base suffisant au sens gorzien – ce texte vise à donner quelques éléments d’analyse pour estimer quelle pourrait être cette borne supérieure que le revenu de base ne devrait pas dépasser, sans toufefois proposer de montant défini.

>>> Sources & suites & plus d’infos sur :

 

 

Réflexions sur l’économie de l’essaim à venir

Réflexions sur l’économie de l’essaim à venir

Le modèle industriel d’une carrière avec un seul et même employeur à vie est en train de mourir. Il ne reviendra pas. Le premier indice était le passage du mariage à vie à un poste vers son équivalent «monogamie en série», où l’on change de boulot tous les trois ans maximum. L’étape suivante du changement, qui se déroule déjà de nos jours, c’est quand les gens ont plus d’un emploi (ou ce qui équivaut à un emploi) en même temps : c’est un changement majeur de la société, où les gens vont jongler entre cinq et dix projets à la fois, certains pour le plaisir, certains pour gagner sa croûte, parfois pour les deux. J’ai appelé ça l’émergente économie de l’essaim.

L’économie de l’essaim ne traite pas des petits détails de notre actualité. Ce n’est pas à propos de bitcoin. Ce n’est pas à propos de la fraude dans le système bancaire, ce n’est pas à propos des échanges de fichiers en pair-à-pair, ce n’est pas à propos du revenu de base. Pas pris à part, en tout cas. L’économie de l’essaim c’est tout ces sujets combinés, et bien bien plus.

Nous voyons déjà comment les gens ont des projets persos à côté de leur emploi (unique), ainsi que des projets qui de temps en temps vont et viennent dans la vie de quelqu’un alors qu’ils changent de travail et de situations personnelles. Avec l’augmentation de la connectivité, on peut s’attendre à ce que cette tendance s’accéléré jusqu’au point où la plupart des gens auront cinq a dix projets en cours, certains payés et d’autres non, plutôt que d’avoir un travail «quotidien».

Cette évolution – passer d’un emploi par personne à cinq à dix projets par personne – change fondamentalement plus la société que quelqu’un qui «fasse un extra» ou «ait deux boulots». C’est une fin précise à l’économie industrielle. Voici quelques changements que cela implique, tous pouvant déjà être observés ici ou là dans le secteur informatique:

  • La fin des lieux de travail fixes. Les gens travailleront où ils voudront, typiquement depuis des cafés ou autres tiers-lieux. «Aller au bureau» n’existera plus comme un concept, à l’exception de quelques services à la personne.
  • La fin des horaires de travail. Les gens ne travailleront plus non seulement d’où ils veulent, mais aussi quand ils le veulent – ou en concordance avec l’équipe sur un projet commun. Les fuseaux horaires s’assureront qu’il n’y aura pas d’horaires de bureaux puisque les gens coopéreront depuis l’Europe, l’Amérique du Nord et du Sud, la Chine, l’Inde, l’Australie, et ainsi de suite, tous au même moment.

Il y a bien plus de conséquences similaires telle que la disparition des «boulots d’une journée». Cela signifie une décentralisation massive de la prise de décision pour soutenir l’économie – voilà pourquoi je la nomme économie de l’essaim. C’est intéressant de la comparer aux concepts antérieurs.

Le capitalisme, quand il fonctionne, est supposé distribuer les ressources de manière optimales grâce à la décentralisation des décisions. Diverses formes de corruption ont détourné des lois et des marchés qui se nomment eux-mêmes capitalistes mais qui concentrent les ressources là où elles sont déjà rassemblées – «rendant le riche plus riche», et faisant du capitalisme un mot détestable – mais dans mon esprit, au moins l’idée de décision décentralisée résonne fortement avec les idéaux pirates.

Toutefois, le modèle capitaliste a échoué à prédire ce qui s’est déjà produit. Dans un modèle capitaliste, Linux et Wikipédia – 10 000 volontaires qui s’unissent pour créer un produit de manière bénévole, et où le produit est si incroyablement bon qu’il dépasse les meilleures alternatives commerciales – n’arrive simplement pas. Mais ça s’est déjà produit. C’est possible dans la pensée de l’économie de l’essaim.

En même temps, l’entrepreneuriat est une valeur très forte dans les idéaux pirates. Nous apprenons en faisant et ne demandons par la permission quand nous décidons d’arranger quelque chose. Nous attendons des gens de prendre des initiatives de leur propre gré s’ils sont insatisfaits par quelque chose, et nous voulons promouvoir cette prise de risque.

Nous savons que la communauté ne fait pas que tolérer la prise de risque mais en plus la promeut activement, est la communauté qui sort par le haut. Par contraste, une communauté ou une société où les gens ne peuvent pas se permettre de perdre leur position actuelle est une communauté sans entrepreneurs et sans innovation.

Cela mène à l’argument le plus logique pour le Revenu de Base Universel jamais trouvé : la société dans sa globalité bénéficie d’un environnement favorisant la prise de risque. Et, si vous pouvez proposer un mécanisme où chacun peut tester n’importe quelle idée idiote de commerce sans risquer de s’endetter ou de devenir SDF, plus de gens innoveront et prendront des risques… ainsi la société utilisant ce mécanisme aura un avantage compétitif.

J’imagine un Revenu de Base Universel qui remplacerait tous les minima sociaux, un revenu inconditionnel, qui suffirait à la location d’un T1, dans la banlieue proche d’une ville qui en vaille la peine, ainsi qu’aux frais de nourriture et au minimum nécessaire pour démarrer leur nouvelle entreprise. Imaginez un gros bouton rouge de «réinitialisation économique», qui permettrait de repartir à zéro suite à l’échec du lancement d’une startup. Vous vous retrouvez dans un studio, à portée de navette d’une métropole, en conservant l’équipement nécessaire pour vous lancer sur votre projet suivant, prêt à repartir sur les chapeaux de roue. De plus, rien n’empêcherait deux ou plusieurs personnes de rassembler leur revenu de base, pour améliorer par exemple leur cadre de vie, etc… En pur bonus, ce combat pour une compétitivité à long terme résoudrait également un certain nombre de problèmes sociaux, tels que celui des sans-abris. (Les lecteurs de Reddit savent que l’on peut être sans domicile fixe un an ou deux, et se relever, parfois en lançant une société prospère.)

Ces mécanismes (la faillite personnelle et la sécurité sociale) existent déjà en substance. Le RBUrendrait plus simples et rapides les processus permettant le retour à la création d’entreprise.

L’on peut se demander si le Parti Pirate, et si ces observations et tendances sont une politique de gauche ou de droite. Mais c’est sans intérêt : l’échiquier gauche-droite est basé sur l’économie industrielle, or ces idées se basent sur l’observation que l’économie industrielle se dissout. Cela n’a aucun sens d’essayer de placer les conséquences du système émergent à l’intérieur du modèle qu’il remplace et rend obsolète.

Malgré ce, on peut observer que ces idées sont au moins compatibles avec le libre marché capitaliste et avec le socialisme, avec une préférence pour un marché fort et non-régulé et de très forts avantages sociaux. Néanmoins la base de nos convictions ne sont ni le «marché libre» de l’ère industrielle ni le «modèle social» de l’ère socialiste : c’est l’idéal de «décentralisation des décisions» du logiciel libre associé à l’idéal de «promotion de la prise de risque et optimisation pour la compétitivité» de l’open-source. Il se trouve qu’ils partagent les mêmes champs politiques, mais viennent de convictions entièrement différentes basées sur l’économie de l’essaim et non sur l’économie industrielle.

Évidemment, beaucoup d’intérêts investis résisteront à ce changement. Les syndicats de travailleurs, en particulier, le détesteront malgré le fait qu’enfin cela «libère le travailleur des menottes du capital», comme ils le diraient dans leur idéologie. La raison pour laquelle les syndicats de travailleurs le combattront bec et ongles, c’est que ce changement les rendra instantanément obsolètes. Lors des dernières décennies leur propre pouvoir leur est devenu plus important que de parvenir leurs buts.

Voyons si les Canutes contemporains peuvent ordonner à la marée de ne pas monter.

>>> Source sur : http://politiquedunetz.sploing.fr/2013/09/reflexions-sur-leconomie-de-lessaim-a-venir/

>>> Ecrit par  Falkvinge / traduit par  Amok, Farlistener, Pouhiou et VictorToulouse

Le revenu de base pour réconcilier l’art et la société

Le revenu de base pour réconcilier l’art et la société

Pour être reconnu comme un « vrai » artiste, faut-il ne faire que ça ? Recevoir des subventions ? Pour le metteur en scène Pierre-Jérôme Adjedj, la transformation amenée par le revenu de base rendra caduques ces questions, libérant l’expression de la créativité, que ce soit pour une oeuvre ou pour la vie.

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Il m’est souvent arrivé de regretter chez nombre de mes collègues du spectacle vivant le manque d’appétit, affiché ou profond, pour la chose politique. Certes il est toujours de bon ton de truffer les notes d’intention et les programmes de salles d’arguments vibrants expliquant la portée politique de tel projet, puisqu’il « parle de la société d’aujourd’hui » . Pour autant, dans les faits, le rapport à la politique et l’impertinence qui l’accompagne s’éteint bien souvent au seuil de l’institution, pour qui la ligne de carrière d’un artiste suit de plus en plus souvent la couture de son pantalon, et il devient parfois difficile de parler politique dans un milieu où (presque) tout le monde est « évidemment » de gauche.

J’aurais pu choisir de développer, à partir de ce constat de départ, tout un propos sur l’éducation populaire, mais je serais vite tombé dans la paraphrase de Frank Lepage et de ceux qui, avec lui, ont magnifiquement développé les réflexions récentes sur ce sujet. Non, ce qui motive cet article est un sujet qui, a priori n’a aucun rapport avec l’art: le revenu de base ou allocation universelle.

La première chose qui vient à l’esprit quand on parle d’argent et d’artistes en France, c’est le statut d’intermittent du spectacle. En lisant ce qui suit, les détracteurs de ce système et de leurs bénéficiaires ne manqueront pas de s’exclamer :

« ça ne leur suffit plus d’avoir un régime de privilégiés, maintenant ils veulent carrément être payés sans bosser ! ».

Mais je me dois d’apporter immédiatement deux précisions : par l’effet d’un choix qui découle de mon expatriation en Allemagne et non d’une perte de statut, je ne suis plus intermittent depuis plus de deux ans et suis donc extrêmement à l’aise avec le sujet. Et puis ce n’est pas une question d’argent. Ou pas que…

 

>>> Source & suite sur : http://revenudebase.info/2013/09/revenu-de-base-art-creation/ 

Article initialement paru le 22 août 2013 sur Le Tadorne.

Crédits photo: AttributionNoncommercial Eric Parker et Attribution Mumu Silva