Internet censuré, c’est pour bientôt

L’actualité « politique » relative à internet n’est pas des plus réjouissante ces dernières semaines… vous avez du vous en rendre compte.

censure d'internet

Le 9 juillet 2014, Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur, a présenté aujourd’hui en Conseil des ministres son projet de loi de lutte contre le terrorisme. Véritable arsenal de mesures de surveillance et de restrictions des libertés, ce texte réintroduit notamment le blocage administratif et sans juge de sites Internet, et propose d’étendre à nouveau l’extra-judiciarisation de la censure des contenus en ligne. Ce projet de loi anti-terroriste confie à l’administration le soin d’établir une liste « d’adresses électroniques » de sites que les FAI auront ordre de bloquer « sans délai ». Un juge n’interviendra que pour vérifier le processus d’établissement de la liste, pas la liste elle-même.

« Avec l’argumentaire de lutte contre le terrorisme qui calme les ardeurs du citoyen lambda qui fait confiance au pouvoir en place, le gouvernement va tout faire pour se donner le droit d’espionner et de fermer des sites web à tout va et quand bon lui semble. Sans passer par la case juge, sans contrôle. »

Le 18 septembre 2014, l’Assemblée nationale a voté, dans un hémicycle quasiment vide pendant les débats, le « projet de loi renforçant les disposition relatives à la lutte dans le terrorisme ». Dans une ambiance marquée par des discours apocalyptiques et anxiogènes sur la menace terroriste – spécialement sur Internet – le ministre Bernard Cazeneuve et le rapporteur Sébastien Pietrasanta ont évacué toute opposition et toute réflexion complémentaire sur les graves atteintes à l’État de droit qui seront mises en place avec ce projet de loi. L’article 9 du projet de loi anti-terroriste prévoit la possibilité d’exiger le blocage administratif des sites web faisant l’apologie du terrorisme ou incitant à commettre des actes terroristes. Le principe de subsidiarité a été écarté.

« Les débats à l’Assemblée nationale sur le projet de loi « Terrorisme » ont montré que voter une loi en cédant aux émotions liées à l’actualité permet de faire reculer les libertés sans quasiment aucune contestation. Nous remercions les députés qui ont eu le courage de s’opposer à ce projet de loi dangereux et liberticide, et appelons dès maintenant les sénateurs à reprendre de fond en comble ce texte. Les citoyens ne laisseront porter atteinte à leurs droits au prétexte de mesures inefficaces contre le terrorisme et potentiellement dangereuses. »

Le 16 octobre 2014, au cours de l’examen du projet de loi de lutte contre le terrorisme, le Sénat a adopté l’article 9 portant sur le blocage administratif des sites terroristes par 317 votes pour et 28 contre.

Il est désolant que la discussion législative n’ait pas permis de corriger substantiellement un projet de loi inadapté et dangereux. Le texte sera examiné en commission mixte paritaire dans les semaines qui viennent, où il sera probablement adopté sans réelle modification.

« Si les sénateurs ont fait un réel effort de travail sur ce texte néfaste, celui-ci a été malheureusement voté avec l’ensemble des dispositions dangereuses que La Quadrature du Net et de nombreux autres acteurs de l’Internet ou défenseurs des libertés publiques dénoncent depuis plusieurs mois. Pourrons-nous espérer un sursaut de courage de nos parlementaires pour porter ce texte devant le Conseil Constitutionnel, afin d’en vérifier la conformité avec le texte fondateur de la Vème République ? En démocratie, les élus ne devraient pas craindre un tel examen. Nous ne pouvons accepter un tel traitement inadapté et liberticide de questions aussi graves que la lutte contre le terrorisme »

C’est l’invité surprise de l’examen au Sénat du projet de loi de lutte contre le terrorisme, adopté ce jeudi 16 octobre par les parlementaires. Pour compléter le dispositif de blocage des sites terroristes, le Gouvernement a déposé un amendement de dernière minute qui n’a fait l’objet d’aucune controverse en séance, alors qu’il donne des pouvoirs de censure exorbitants à l’Etat. En effet, le sous-amendement n°94 présenté avec succès par Bernard Cazeneuve donne à l’autorité administrative (la police, via l’OCLCTIC) le pouvoir de « notifier aux moteurs de recherche ou aux annuaires » les URL des sites qui abritent des contenus de propagande terroriste, ou des contenus pédopornographiques. Il ajoute que ces moteurs de recherche et annuaires, c’est-à-dire en pratique essentiellement Google, « prennent toute mesure utile destinée à faire cesser le référencement du service de communication au public en ligne« .

Le 21 octobre 2014, la commission mixte paritaire a adopté un texte qui — si on excepte la suppression de l’article 15 — est gravement attentatoire aux libertés et au droit à une procédure équitable, comme La Quadrature du Net le dénonce depuis le lancement du projet de loi renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme, en juillet 2014.

Le 4 novembre 2014, le Sénat a confirmé l’adoption définitive du projet de loi de lutter contre le terrorisme, qui pourra entrer en vigueur dans les tous prochains jours, après promulgation par François Hollande.

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>>> Sources (morceaux choisis) & plus d’infos sur :

 

>>> Bonus & Info :

Dans le cadre d’un évènement exceptionnel, le Festival du film de Lisbonne & Estoril et La Quadrature du Net s’associent pour un symposium sur la surveillance de masse. La plus importante réunion de penseurs, activistes et artistes depuis les révélations d’Edward Snowden aura lieu au Portugal les 14, 15 et 16 novembre 2014, au sein du Centre Culturel de Belem.

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Neutralité des réseaux : Neelie Kroes s’affiche dans le camp des agresseurs

Le 16 janvier dernier, Neelie Kroes, commissaire européenne chargée de la société numérique, publiait dans Libération une tribune intitulée Internet et applications de filtrage : une histoire de choix et de recettes.

Une tribune jugée assez révélatrice et dangeureuse pour que notre ami François Pellegrini décide d’y répondre point par point ci-dessous.

Et de conclure ainsi : « Mme Kroes est entrée en guerre ouverte contre la neutralité des réseaux et contre Internet. En tant que Commissaire chargée de la stratégie numérique, elle a perdu toute légitimité, et son remplacement s’avère nécessaire. »

 

Thomas Belknap - CC by-sa

 

Neutralité des réseaux : Neelie Kroes s’affiche dans le camp des agresseurs

URL d’origine du document : François Pellegrini – 23 janvier 2013 – Blog personnel

>>> Source & suite sur : http://www.framablog.org/index.php/post/2013/01/23/neutralite-du-net-kroes-pellegrini

Les gouvernements de l’UE poussent une alliance globale pour la censure du Net

Dans une décision adoptée à l’unanimité, les États membres de l’Union européenne ont décidé d’encourager l’usage généralisé de la censure de sites Internet, au prétexte de lutter contre la représentation d’abus sexuels sur mineurs. Cette initiative dangereuse doit être dénoncée, tant par les législateurs que par les citoyens : l’Europe ne peut pas abandonner son engagement à défendre l’État de droit en légitimant la censure d’Internet au niveau international.

Le Conseil de l’UE vient d’adopter ses conclusions sur une « alliance globale contre les abus sexuels sur mineur en ligne. » Dans un ajout de dernière minute, ce dernier appelle à :

« faciliter les mesures de suppression ou, lorsqu’approprié, le blocage de sites Internetdiffusant de la pédopornographie. » (traduction par nos soins)

À ce jour, grâce au Parlement européen, l’Union européenne a réussi à éviter de faire l’apologie du blocage de sites Internet dans la lutte contre les abus sur mineur, ces mesures étant inefficaces et même contre-productives. Le Parlement européen a même imposé d’importants garde-fous aux États membres qui avaient choisi d’employer ces mesures nationalement.

Cette nouvelle initiative marque une régression dangereuse : quels que soient les objectifs visés, le blocage de sites est extrêmement dangereux pour les libertés en ligne, conduit à la censure de contenus par ailleurs parfaitement légitimes, et viole les principes les plus élémentaires de l’État de droit.

« Il est stupéfiant de voir qu’aucun gouvernement de l’Union européenne ne s’est opposé à l’adoption de ces conclusions, qui légitiment la censure d’Internet partout dans le monde, et auront de ce fait des conséquences désastreuses pour les libertés en ligne. En dépit des fortes réserves exprimées par le Parlement européen, les gouvernements ont choisi d’imposer le blocage de sites en adoptant ce document. Une telle censure est inefficace pour résoudre ces problèmes, et ouvre la voie à d’autres attaques préjudiciables pour un Internet libre. Seule une mobilisation citoyenne permettra de mettre nos gouvernements devant leurs responsabilités et de protéger l’universalité d’Internet » déclare Jérémie Zimmermann, cofondateur et porte-parole de l’organisation citoyenne La Quadrature du Net.

>>> Source sur : http://www.laquadrature.net/fr/les-gouvernements-de-lue-poussent-une-alliance-globale-pour-la-censure-du-net

Contourner la censure par DNS

 

Domain Name System (DNS) est une sorte d’annuaire qui permet de faire la correspondance entre une adresse IP et un nom de domaine sollicité par un navigateur.
Par exemple si vous saisissez dans votre barre d’adresse : « google.com », le serveur DNS fera la relation avec l’adresse IP du site et vous connectera donc à l’adresse IP 74.125.230.225. D’ailleurs, vous pouvez aussi vous connecter à un site avec son adresse IP. Ainsi si vous saisissez « 74.125.230.225 », dans votre barre d’adresse, vous accédez aussi à Google.

Généralement, vous utilisez, sauf si vous les avez changé, les DNS fournis par votre FAI. Votre PC se paramètre en effet automatiquement avec ces DNS dès que vous branchez votre Box Internet.
Or les FAI sont soumis aux lois de leur pays. Et dans certains de ces pays, la législation donne le pouvoir aux gouvernements, ou à la Justice, de filtrer Internet. Ce filtrage est souvent activé au niveau des DNS des FAI. Concrétement, une instruction est donnée aux FAI afin qu’ils ne référencent plus tel ou tel site dans ces fameux DNS. Ainsi le site visé devient inaccessible, via le nom de domaine. Il reste néanmoins accessible via son adresse IP.
En France, il existe depuis peu (merci Sarko) un dispositif législatif autorisant ce filtrage et le gouvernement commence à l’utiliser (exemples : Copwatch et Arjel).
Ce type de censure, très simple à mettre en place, est aussi très facile à contourner : il suffit d’utiliser des DNS extra-territoriaux qui ne censurent pas.
Nous allons donc voir ensemble quels autres services DNS utiliser et comment paramétrer son ordinateur.